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Lun 24 Sep 2018 - 23:32
New life !

Cela faisait à peine deux jours que tu étais arrivé ici. Le temps de parvenir à comprendre ce qui t’étais arrivé. Comprendre oui, comprendre quelle était cette étrange pièce dans laquelle tu avais ré ouvert les yeux alors que la seconde d’avant tu croyais te trouver dans le parc municipal de ta ville natale. Comment avais-tu pu faire autant de kilomètres en si peu de temps ? Ne trouvant que peu de réponses satisfaisantes à tes questions tu avais dû te résoudre à accepter ton destin. Tu n’avais eu aucune difficulté à t’adapter à un nouvel espace vital, tu avais juste besoin d’un petit laps de temps pour te poser tranquillement. Tel un lynx tu avais passé des journées entière méfiant à observer ton nouvel environnement, la ville tu connaissais mais tu restais sur tes gardes. On t’avait effectivement expliqué comment cela marchait par ici et tu avais signé, mais tu te demandais sincèrement dans quoi tu t’étais embarqué. Pourquoi faut il toujours que tu réfléchisses avant et après avoir fait ce genre de démarches… ? Ça te donnait la vague sensation de te retourner les méninges dans tous les sens, ce qui n’était pas franchement des plus reposants…  Tu avais été choisi. Et cet endroit te semblait idéal pour démarrer une nouvelle vie, mais l’idée de la partager avec un parfait inconnu qu’on t’aurait imposé ne t’enchantait guère. Tu l’acceptais oui mais pas sans râler ou y trouver quelque chose à redire. Tu n’aurais aucune descendance, une vie calme, et tu pourrais faire le métier que tu veux. Tu n’aurais plus à t’inquiéter de ton compte bancaire ni de tes besoins… Et en ce qui concerne le reste tu n’aurais plus à t’en inquiéter… Ce n’était pas si contraignant que ça d’être stérile ; à vrai dire tu t’en fichais un peu, tu pourrais trouver d’autres avantages que ceux auxquels tout être songerait mais… tu n’en avais aucune envie. Tu poursuivrais tes études dans la biologie tout en finissant d’aménager ton petit coin de paradis. Un petit bijou de 120 m² avec deux chambres plutôt spacieux et moderne.Enfin dans tes rêves les plus fous… Pour le moment tu enchaînais allers-retours incessants entre le jardin et le salon de la spacieuse maison qu’on t’avait attribuée. Tu essayais de mettre un peu d’ordre dans tes idées mais tu ne pouvais pas t’empêcher de te plonger dans les recherches les plus farfelues que pouvait te sortir ton navigateur internet.  

A part tomber sur des sites étranges qui racontaient des carabistouilles ou des théories de complots tellement loufoques qu’elles semblaient irréelles tu ne trouvais rien de concret. On t’avait pourtant tout expliqué, mais toi dans ton côté têtu tu voulais toujours en savoir plus. Tu avais envie de comprendre. La maison à deux étages spacieuse et aérée c’était bien joli tout ça mais bon…  tu lui trouvais quelques inconvénients comme le fait d’être à tes yeux un peu trop impersonnelle, ou un peu trop moderne. Tu n’aimais pas vraiment ces résidences avec des maisons quasiment identiques. D’une manière ou d’une autre il fallait toujours que tu trouves une raison de râler. Avoir l’impression d’être une sorte de rat de laboratoire, était pour toi troublant, toi qui avais l’habitude d’en effectuer c’était un peu le comble pour toi. Tu commençais à comprendre ce que pouvait ressentir un cobaye. Tu passais ton temps à observer la faune locale de l’espace de verdure dans lequel tu faisais régulièrement les 100 pas. Tu délaissais l’informatique pour t’immerger dans ta passion des plantes.

Plongé dans tes réflexions au milieu de tes petites merveilles vertes, tu n’avais pas arrêté de t’intéresser à leur monde. Elles te passionnaient, la manière dont la dionée refermait son piège dès qu’un élément perturbateur venait à s’y aventurer ou encore le lierre qui s’accrochait à ce qui l’entourait… Tu te rappelais encore du temps où ton frère te surnommait Poison Ivy tant ta passion te prenait. La nostalgie te prit à cette pensée pour lui, il y a des moments où tu voudrais qu’il soit là… Bien que tu te sentes tout à fait épanoui dans ta nouvelle vie, tu te sentais un peu seul. Non pas que la solitude te déplaise… mais tu aimerais pouvoir te faire des amis. Chose pour laquelle tu n’es pas vraiment très doué, distant de nature et solitaire tu n’étais pas du genre à faire le premier pas. Est-ce que tu aurais tendance à délaisser la compagnie humaine pour celle des plantes ou du travail ? Clairement. Pourtant tu avais quelque chose d’attractif, tu savais que tu n’étais pas repoussant, tu aurais pu entamer une nouvelle relation de cette façon mais… non.

Soupirant tu réajustais ton kimono vert pomme, bleu ciel et noir en soie, les cheveux détachés retenus par une pince chinoise à l’arrière que tu retirais. Passant une main dans ta chevelure couleur ébène tu te redressais pour attraper ton téléphone. Déjà 15h30 ? Passablement agacé par cet ennui dont tu ne semblais pas trouver une seule issue, tu ramassais un flyer qui traînait sur ta table basse de verre. Tu pris ton portefeuille puis partis en direction des alentours de la ville. Au début tu voulais explorer les recoins de ton quartier mais si tout était identique, ce ne serait pas vraiment très distrayant... Alors ton choix se reporta sur le parc de la ville.

Une fois dehors tu ouvris ta boîte aux lettres récupérant ton courrier, tu installais tes écouteurs dans les oreilles écoutant ton rock habituel puis tu te mis en route en direction de la ville. Tu n’écoutais pas que ça mais en ce moment il n’y avait que ça qui parvenait à te calmer… Et tu désespérais de tomber un jour sur quelqu’un d’autre que sur ces personnes qui t’avaient expliqué ta situation sur ce ton que tu n’aimais pas. Tu ne connaissais pas même pas celle ou celui qu’ils appelaient ton âme sœur. En réalité on ne t’en avait pas encore attribué un ou une, ce qui attisait d’avantage ta curiosité, mais on te demandait toujours de te montrer plus patient chaque jour. Ce que tu avais du mal à supporter, tu avais l’impression d’être comme un lion en cage.

Tu pris la direction du parc à grandes enjambées dans la rue, avec une vitesse pareille de croisière le trajet s'en trouva rapidement raccourci et tu te retrouvais plus facilement là-bas que tu ne l'aurais cru...


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Dernière édition par Sasha W. Zhang le Dim 9 Déc 2018 - 16:48, édité 1 fois
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Mer 26 Sep 2018 - 1:15
Why… Why are you here… ?Kaylee King & Leo BårdsenGive me, give me a slow-burning fire in this misty weather. (Sinful Passion → Dimash Kudaibergen)Je n’avais plus de vies sur Candidat Cruche, à cause d’une crétine de pépite qui avait mis deux mouvements à se former. Mon portable se perdit sur ma table de chevet et je me levai rageusement, même si j’étais toujours aussi inexpressive, de mon lit. Et, évidemment, en enfilant mon collier mes pensées remontèrent à elle. Olivia Wilson. Ils s’étaient trompés avec Olivia, soit disant. Ils s’étaient trompés et m’avaient attribué une nouvelle âme sœur. Mon poing se perdit dans le mur de ma chambre, avec toute mon inexpression. Connards. Connards… Mon autre poing frappa le mur, silencieusement. Et je continuai. Il n’y avait que ça à faire. Je continuai jusqu’à le sang perle de mes phalanges meurtries. Connerie. Et mes poings continuèrent. Si l’autre blond s’avisait de rentrer dans ma chambre, il subirait le même sort que le mur. Mes mâchoires se contractèrent et un petit bruit m’informa que j’avais intérêt à m’arrêter si je ne voulais pas me fracturer plusieurs phalanges. Alors je fourrais une partie de mon poing gauche entre mes dents, faisant craquer les doigts de ma main droite. Et je me mordis, fortement, mon poing gauche dans le même temps. Connards ! D’où ils pensaient qu’un lien aussi fort, même si désagréablement artificiel allait s’arrêter, s’oublier ? Se remplacer ? Foutage de gueule. Putain de foutage de gueule… Et d’où je les laissai avoir à ce point un contrôle sur mes ressentis, mes sentiments ? Me mordant toujours le poing, je me laissai glisser au sol, dos contre le mur et collai mes genoux contre ma poitrine, entourant mes jambes pliées de mon bras gauche et posant mon front contre mes genoux ainsi collés. Arrêter de penser. Arrêter de penser, noyer ses neurones… cela faisait 51 jours que je noyais mes neurones dans Candidat Cruche putain. Et quand j’en avais le plus besoin, je n’avais plus de vie. Merde. Merde...

La douleur me laissait totalement indifférente mais je finis tout de même par cesser de me mordre le poing au bout d’une vingtaine de minutes, faisant craquer mes doigts gauches. Un élancement partant de mon majeur jusqu’à mon coude m’informa que j’avais bel et bien failli me fracturer deux phalanges mais que je m’étais arrêtée à temps. M’informa aussi que j’y étais allée plus fort que ce que j’aurais dû cette fois. Mes doigts étaient en sang, sang séché. Sur le mur et le plancher, il y en avait aussi. Je soupirai et allai nettoyer le tout après avoir simplement désinfecté mes plaies et remarqué que je m’étais tellement mordu le poing que j’allais avoir la marque de mes dents pendant un bon moment. Non que je n’en eus quelque chose à foutre, en soi. Je me mis à nettoyer le sang du plancher et du mur, puis toute ma chambre et, prise dans une crise ménagère, je fis de même avec toute la baraque. Cela m’empêcha de penser, définitivement, et mes gestes délestèrent la colère de mon âme. Au bout de seulement une demi-heure, j’étais concentrée dans ma tâche, simplement inexpressive, et intérieurement lavée. Le ménage fait, j’allais me doucher, m’habillai, coinçant mes deux baguettes de bambou sur le côté extérieur de ma cuisse à l’aide de mon lacet-jarretière en cuir noir. Mon écharpe sur la tête, deux traînes rouges caressant familièrement mon dos, je sortis sans même regarder l’heure. Je devais m’aérer l’esprit. Maintenant. Et me plonger dans les paysages, les vêtements des gens. User de ma précédente colère pour faire jaillir ma créativité. J’étais consciente que le mot ‘précédente’ ne convenait pas, ma colère était redevenue dormante, mais je ne préférais pas penser à quand ma prochaine crise de nerfs allait éclater. Pas avant un bon moment en tous cas, du moins je l’espérais. Pour mes phalanges. Elles étaient suffisamment meurtries pour les trois semaines à venir.

Me dirigeant vers un des parcs de la ville, lentement, dessinant des croquis de vêtements, de patrons de vêtements, au gré de mon imagination qui allait et venait et s’inspirait des alentours, mes pensées se noyèrent à nouveau. La musique que j’écoutais fit naître un panel de couleurs dans ma vision et mon inexpression s’adoucit, se détendit, sans faire mine de partir pour autant. Je jetai un œil à ma montre arrivée au parc. 15:42. J’avais déjà fini trois patrons et sept croquis. J’avais dû me promener pendant deux bonnes heures avant d’atterrir ici. Potentiellement plus. Cherchant un banc des yeux, je tombai sur une chevelure noire. Je me figeai. Oh put-… Mon index gauche tressauta imperceptiblement. Une fois. Deux fois. Puis ce fut mon annulaire droit qui s’y mit. Une fois. Deux fois. Trois fois. Ma marche devint plus rapide et je tournai la page, ouvrant mon carnet sur une double page vierge pour écrire une phrase. Que je raturai à un tel point qu’elle était devenue illisible. Je le dépassai et me postai droit devant Sasha. Oh putain c’était bien lui. Je clignai des yeux, aussi inexpressive qu’à l’accoutumée. Il était ici, devant moi. J’avais reconnu la couleur de sa démarche même si, perdue au beau milieu des couleurs de la musique que j’avais écoutée, je n’y avais pas vraiment fait attention. Mon stylo et mon carnet dans la main gauche, je le regardai. Inexpressive. Merde. Toujours inexpressive. Et ma main droite lui gifla la joue. Une gifle qui exsudait l’inquiétude, l’angoisse que mon inexpression n’arrivait pas à montrer. Il était ici. Merde... Mon carnet et mon stylo, accroché à la page dernièrement ouverte grâce au clip du bouchon, se perdit sur le rebord du banc à côté de nous. J’enlevai mes écouteurs de mes oreilles. Et je frappai son torse de mon poing droit. Je n’y avais pas mis beaucoup de force, très peu à vrai dire vu la gifle que je lui avais mis. Je n’aimais pas l’expression que j’avais vue, que j’avais lue dans ses yeux avant qu’il ne remarquât qui l’avait arrêté dans sa marche. Je n’aimais pas le fait qu’il fût ici. J’étais contente de le voir mais… pas ici putain ! Mon poing gauche s’y mit aussi, pas fortement, quasiment sans douleur. Et des larmes silencieuses s’écoulèrent de mes yeux inexpressifs. Mon visage se baissa et je continuai de le frapper sans douleur en alternant mes poings jusqu’à me rapprocher de lui et me blottir contre lui. Il était ici. … et merde ! J’avais la gorge nouée mais je n’avais l’intention de parler. Pendant plusieurs minutes je ne dis rien pas plus que je ne bougeais. Et il avait intérêt de ne pas en sortir une seule, sinon c’était mon pied dans la gueule qu’il allait se prendre. Coup de pied sauté ou retourné, à voir, je ne savais pas encore.

- … connards…, murmurais-je de ma voix naturellement douce et cristalline mais rauque, rocailleuse. Le débit de ma voix était toujours aussi faible.

Je n’aimais pas parler. Je détestais ça. Bougeant enfin mes bras, je le serrai contre moi, contre mon coeur, mon visage enfoui dans son torse, du côté gauche. J’écoutai, attentive, les battements de son coeur. La couleur faible et ténue de ces derniers. Et j’enfermai, lentement, mon inquiétude à double tour avec ma colère dormante. Je m’étais bien pété les doigts… mais il avait intérêt à ne pas faire de commentaire dessus. Pourquoi t’es là, Sasha ? Pourquoi, putain…
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Dernière édition par Kaylee King le Mar 6 Nov 2018 - 17:46, édité 2 fois
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Sam 6 Oct 2018 - 22:58
I don't know why i'm here but i'm glad to see you again...

Tu n'avais pas savouré ta solitude bien longtemps. Un pas rapide t'avait rattrapé, et tu l'aurais reconnue entre mille. Elle. Aussi légère qu'une plume, toujours aussi vive et fébrile, l'énergie à l'état pur cette fille. Elle avait beau rester impassive tu savais qu'elle se trahissait beaucoup trop facilement dans sa gestuelle. Sa communication non verbale en disait long sur son état actuel, elle n'avait pas l'air de meilleure humeur que toi... Elle s'était plantée devant toi te barrant le passage tandis que seul le vent portait les sons extérieurs qui vous entouraient. Ce silence... il y en a avait certains qui étaient exaltants, reposants, mais celui-ci te délivrait une autre forme d'atmosphère. Cette fille t'avait beaucoup appris depuis que tu la connaissais, comme éviter de se laisser submerger par ses émotions quand tu joues aux échecs. Son regard et son opinion sur la vie rejoignaient souvent les tiens, et c'est ce qui vous avait permis de tisser un lien unique avec les années. Vous étiez des amis de longue date. A un point que tu aurais sûrement été capable de citer ses goûts, ce qu’elle préfère, ou ce qui la répugne… Ce qui est intéressant avec une personne c'est quand tu commences réellement à la connaître, tu finis par savoir décrypter ce qu'elle ressent ou ce qu'elle cherche  à te dire, ses petites manies qui la trahissent... C'est un peu comme un puzzle qui s'assemble au fil du temps, parfois ça demande de la patience mais on n'est jamais déçu du résultat. Ou du moins toi tu ne l'as jamais été. Tu l'as vue s'ouvrir de plus en plus à toi, vous avez grandi ensemble, joué et discuté des centaines de fois sans réellement savoir ce que l'autre ferait de sa vie... ou si vous vous recroiseriez un jour. C'est quand tes propres parents te posaient des questions sur ses études ou sur sa famille que tu avais un trou de mémoire, même le métier qu'elle souhaitait faire tu l'oubliais une fois sur deux ! Vous n'aviez décidément pas les mêmes préoccupations... C'était dans ces moments-là que tu prenais conscience du fossé qu'il y avait entre toi et tes parents. Vos différences n’ont jamais été un frein pour vous, tu pensais surtout que ça devait être dur d’avoir du mal à comprendre la chair de sa chair. Tu ne pourras jamais ressentir ce que ça fait d’être papa ou de porter un enfant en toi, de voir une partie de toi mélangée à celle de celui ou celle que tu aimes donner une vie mais tu supposes que ça doit être beau  à voir. Tu aurais juste aimé que ton père soit encore de ce monde pour qu’il puisse voir ses fils s’épanouir… Tu avais encore besoin de lui quand il est mort, même si à présent ça fait quelques années la douleur reste la même. Encore plus depuis que tu as été séparé du reste de ta famille pour participer à cette… expérience. Les scientifiques ont parfois de drôles d’idées d’expérimentation, et pourtant tu es destiné à en être un mais tu t’es promis de respecter la faune et la flore et de tout faire pour la préserver et la sauvegarder. La nature est si belle et fait tant de merveilles que tu en veux encore beaucoup à tes congénères humains de la négliger ainsi. Et tu ne préfères pas parler des animaux. Tu n’as pas envie de citer les atrocités qu’ils ont subies…. Bien sûr l’homme est capable du meilleur comme du pire, mais ce genre de débats intérieurs ne t’intéressent guère. Et ce n’est pas le moment d’y songer… Là tu as une jeune femme qui t’a martelé le torse de petits coups de poing nerveux pour ensuite te prendre dans ses bras. A sa réaction tu devines qu’elle est surprise de te voir ici mais triste aussi, tu n’oses pas lui poser des questions. Pas maintenant. Elle n’a pas besoin de ça, elle a juste besoin de l’ami que tu es pour elle et d’une présence humaine pour la calmer. Si quelqu’un doit briser le silence ce ne sera pas toi, ou peut-être que si mais tu entrouvriras les lèvres simplement pour murmurer son prénom d’une voix douce. Toi qui te sentais seul te voilà à présent en compagnie d’une amie. Oui une amie troublée, perdue et en colère… mais une personne que tu aimes. Une personne extérieure à ta famille à qui tu tiens beaucoup, la seule qui sera en mesure de te répondre pour cette étrange histoire d’expérience d’âme sœur. On y pense souvent à cette personne, mais toi tu ne sais même pas si elle existe pour toi. A cette pensée ton regard devient fuyant, tu cherches à fuir ce sujet, tu as bien trop peur de finir tes jours seul ou de souffrir. Ces choses-là te font peur, tu crains l’attachement envers une autre personne quand il dépasse la simple amitié et tu te sens par moments trop différent pour t’engager…

Le visage inexpressif tu t’assombris, tu n’as pas envie que Kaylee le remarque, tu n’as pas envie qu’elle s’inquiète ou qu’elle te pose des questions. C’est comme ça depuis toujours, tu détestes que les autres te voient en position de faiblesse, tu préfères garder tes problèmes pour toi… Tu t’es longtemps cru assez fort pour tout encaisser et régler tes problèmes seuls mais tu te rends compte que ce n’est pas si facile. Peut-on vraiment tout faire seul dans une vie ? Tu as toujours trouvé certains aspects plaisants à vivre seul mais tu lui trouves quelque chose de différent. Et ça, tu n’essayes pas de le découvrir parce que tu ne sais pas ce qui peut se cacher derrière cette porte fermée que tu crains tant. Si on t’a donné le don de la parole pour t’exprimer librement tu te sens parfois impuissant face à certaines injustices de la vie. Les mots peuvent signifier tellement de choses que tu ne sais plus expliquer ce qui se passe en toi quand tu ne te sens pas bien. Tu apprécies encore moins qu’on insiste ou qu’on cherche à trop te poser de questions… Cette désagréable impression d’être mis à nu et incompris ne te plaît guère. C’est comme si on cherchait à fouiller dans ta tête, à violer ton intimité et ça tu n’aimes pas.

Tes doigts caressent les cheveux blonds de ton amie tandis que votre étreinte est des plus douces, un peu déstabilisé tu conserves un sourire mélancolique, ce sourire que tu affiches aux autres quand tu n’as pas envie de parler. Ce sourire qui leur dit ‘Tout va bien’ mais qui en réalité cache bien des choses. Tu entends à peine la douce voix de Kaylee lâcher une insulte qui ne semble pas t’être destinée. Tu ne t’y attardes pas vraiment, elle est là c’est le plus important.


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Mar 6 Nov 2018 - 18:40
Why… Why are you here… ?Kaylee King & Leo BårdsenGive me, give me a slow-burning fire in this misty weather. (Sinful Passion → Dimash Kudaibergen)Le silence que j’aimais tant répondit au mien, et pourtant ce n’était pas du tout un silence que j’appréciais en cet instant. Et quel était ce sourire si… Si je tiquai mentalement, je demeurai physiquement et extérieurement inexpressive et aussi illisible qu’un miroir. Un élancement parcourut mes doigts gauches jusqu’à mon coude et mon épaule, un élancement me communiquant toute la douleur de mes mains à cause de ma colère de tantôt. Je ne les écoutai pas. Ni l’élancement ni la douleur. La douleur n’est rien face à… Putain mais qu’est-ce que tu fous ici Sasha ! J’avais envie de lui hurler de retourner chez lui quitte à se noyer dans l’eau mais aucun son ne franchit mes lèvres aussi inexpressives que mon visage. Au lieu de quoi, mes poings s’abattirent sur son torse comme des coups de hachoirs. Des hachoirs n’infligeant aucune douleur physique, seule une douleur psychique était envisageable vu ma proximité avec… Putain de merde ! Et pourquoi il se murait dans un silence pareil, comme s’il me lançait un défi de ‘qui parlera en premier’ ? Parce qu’il essayait de me rassurer qu’avec sa présence, maintenant ? Mon dernier coup de poing, à son plexus, fut beaucoup plus violent que les autres et je me blottis lentement et doucement contre lui juste après. Abruti ! Si j’étais heureuse d’être avec lui, je n’étais certainement pas heureuse d’être avec lui ici bordel ! Toujours aussi inexpressive, j’écoutais attentivement le rythme cardiaque de mon ami, laissant les larmes de rage déborder de mes paupières et ruisseler sur mes joues. Je me forçai à garder ma respiration intérieure, silencieuse, inaudible. Aussi inexpressive que mon visage, où les ruisseaux de diamant liquide avaient cessé de s’épancher.

Alors que je me détachais légèrement de lui pour mieux le regarder, mes mains toujours posées avec une rare douceur sur son torse, j’aperçus une ombre passer sur son visage. … Oh putain les c-... C’était un passant qui faisait sa vie. Un passant. Qui faisait sa vie. Totalement. Un passant ? Ah oui, j’étais dans le parc où j’avais retrouvé S-… quelqu’un qui ne devrait ni ne devait être ici. Je sortis la machine qu’ils m’avaient donné, remarquant seulement qu’il me restait encore un quart d’heure avant d’avoir une vie sur Candidat Cruche. Connasses de vies qui se sont barrées... Je ne réagis pas à cette information mais à sa main qui s’approcha de mes cheveux, sans doutes pour les caresser. Me rassurer. … va crever. Je m’emparais du poignet qui s’approchait de mes cheveux, le bloquai d’un geste vif et plongeai mes yeux encore brillants de mes défuntes larmes dans les siens. Le sourire mélancolique qu’il avait encore aux lèvres m’agaçait. Qu’est-ce qu’ils avaient faits de mon ami, ces... connards ? Je proférais d’ailleurs l’insulte à voix haute mais je ne réagis ni au son ni à la couleur de ma propre voix tant dire ce mot à voix haute m’avait paru naturel au vu des circonstances. Mes yeux littéralement inexpressifs étaient toujours plongés dans les siens et mes perles salées m’avaient vidée, lavée, purgée. Renouvelée. Ma main gauche allait me faire la gueule pendant au moins les deux prochaines semaines mais ce n’était qu’un détail. Si mon regard, mes lèvres, mon visage, ma respiration n’exprimaient rien, mon corps non plus ; il était complètement immobile depuis que nos regards s’étaient mêlés. Au bout de longues secondes, sans interrompre notre échange de regards, je levai mon carnet pour y écrire une phrase. « Tu veux me rassurer ou que je te rassure ? » Une question, simple, claire, concise. Comme à l’accoutumée. Parce que son attitude était ambiguë pour moi. Qu’est-ce qu’il cherchait au juste ?

Mon regard n’avait pas quitté ses yeux, son visage, et dès que je sus qu’il avait lu ma question, j’écrivis à nouveau. Sans que mon corps, à l’exception de mes doigts et de mon poignet droit qui mouvaient le stylo sur le papier, ne bougeât. Sans que mon inexpression ne fît mine de s’en aller non plus, trop ancrée dans mon naturel, mon essence et mes habitudes qu’elle était. « Parce que t’es pas clair. Pas plus que tu n’es toi-même. » Je posai mon carnet contre son torse et, sans savoir s’il allait s’en emparer ou non, je m’éloignais dans le parc. Je m’assis sous les ramures d’un châtaigner, regardant la ligne d’horizon entre le ciel et la mer. Une ligne d’horizon que, autrefois, j’aimais beaucoup.

Autrefois, oui.
Être en cage ne faisait pas partie de mes passions.

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