Du calme. Depuis que Leo était arrivé à Sindety, il avait réalisé une chose. Ce qu’il avait besoin le plus au monde, c’était du calme. On lui avait toujours que la manque était la meilleure façon de savoir si on tenait à quelque chose ou pas. S’il était facile de se priver d’un truc, alors cela voulait dire qu’on n’y tenait pas. Mais si au contraire, on ressentait un manque quand on n’avait plus accès à cette chose, et bien, cela voulait tout simplement dire que cela était important. Et le manque, Leo le ressentait énormément en ce moment. Le calme qu’il avait eu dans sa vie précédente lui manquait. Mais malheureusement, ce n’était pas tous les jours simple d’avoir un peu de calme à Sindety.
La cause ? Hippolyte. Son pseudo âme-soeur. Beaucoup trop bruyant pour Leo, la colocation avec lui était devenu rapidement problématique, si bien que parfois, Leo devait quitter leur habitation pour chercher du calme autre part. Ce qui l’énervait quand même assez. Devoir quitter son chez lui pour avoir du calme n’était une chose à laquelle il était habitué. Malheureusement, il devait le faire, et aujourd’hui, il avait décidé d’aller se poser aux côtes sauvages. Là-bas, il était certain de pouvoir avoir un peu de calme.
Désormais allongé sur un des rochers, Leo avait abandonné ses écouteurs pour apprécier à sa juste valeur le son des vagues se heurtant contre la pierre. Une musique naturelle qu’il aimait tout autant que la musique qu’il écoutait habituellement, et qui était bien évidemment, plus agréable à écouter que le son de la voix d’hippolyte.
Leo profitait donc de ce moment, les yeux fermés, s’endormant presque, bercé par les vagues. Il avait eu également la chance d’avoir un beau temps aujourd’hui. Le soleil réchauffait sa peau, sans lui procurer une chaleur étouffante non plus. Et la mer calme lui évitait de se recevoir une vague, ce qu’il n’aurait clairement pas apprécié.
S’il pouvait oublier le fait qu’il avait été enlevé, il aurait pu se penser en vacances. Il avait enfin trouvé le calme qu’il chérissait tant. Et, les côtes sauvages étant peu fréquentés, il pouvait profiter de cet instant pendant longtemps.
Enfin… C’était ce qu’il pensait. Alors qu’il écoutait les sons de la nature, il entendit quelque chose d’autre. Une voix. Qui l’appelait. Et, oh dieu, il reconnaissait cette voix.
Il avait menti. La cause de ses problèmes à Sindety n’était pas juste lié à Hippolyte. Il y avait quelqu’un d’autre. Une tempête du nom de Lux.
Le temps est bon, le ciel est bleu J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux
LEO & LUX
Chrysanthème bleue électrique qui éclôt entre deux lobes cérébraux. L’air de la chanson reste bloqué dans sa tête, bientôt dans la tienne. Le temps est bon, le ciel est bleu. Lux est là, avachie sur un canapé, les pieds posés contre le mur. Les paroles raisonnent dans son casque et contre son crâne, se propage à l’intérieur comme un venin agréable. Nous n’avons rien à faire. Mais elle a toujours beaucoup à faire, des tas d’idée à développer, des milliers de questions à se poser. Elle n’a pas dormi de la nuit, elle devrait être fatiguée, mais non ; le paquet de bonbon est vide.
Roulade arrière, elle est à genoux dans son salon dégueulasse. Il y a des papiers partout, des emballages de sucettes qui collent à la moquette, des bols de nouilles instantanées à moitié terminés. Et tu crois qu’elle va faire le ménage ? Non, ce bordel ça l’aide à réfléchir, c’est son élément, son monde, un cocon de saleté dont elle ne peut se séparer. Même si tu viens en personne ranger, nettoyer, cuisiner, dés que t’es plus là le foutoir se répand comme le pétrole dans la mer.
Quand Lux ne fait rien, elle a l’impression de gâcher son temps sur terre, de se regarder mourir avec paresse. La minute d’après, elle a son téléphone entre les mains et regarde avec désespoir son appel aboutir à la messagerie. Tu la connais très mal si tu penses qu’elle se laisse abattre, comme ça, du premier coup. Sans être capricieuse, Lux est capable de tout pour ce qu’elle veut.
La nuit blanche, le ciel bleu. Elle ne renonce pas, pianote un instant sur son ordinateur. Une ville comme Sindety cernée par les satellites : un vrai terrain de jeu. Tu sais, elle est un peu naïve cette gamine, mais c’est bien une des seule à avoir compris que le big brother c’est le fil. Et surtout, à l’avoir accepté. Entrez. Sans même vérifier, elle rentre les coordonnées GPS dans son téléphone, ne prend surtout pas le soin de se laver, depuis deux jours dans cette salopette en jeans un peu trop grande pour elle ; et part avec ses roller et son sac, sans fermer la porte à clé.
Espérons qu’il a bien profiter de son répit. Parce qu’elle ne se plante pas quand elle hack la géolocalisation de son téléphone, jamais. C’est un jeu qu’elle gagne à chaque fois. Elle, ça l’amuse, lui, elle ne sait pas, elle ne se pose pas la question. Elle a envie de le voir et lui parler, pour rigoler, pour lui montrer sa dernière invention (même s’il n’y comprend rien, comme toi et moi). Sans pouvoir ni vouloir l’expliquer, Lux aime sa présence.
Et l’instant plus tard, c’est son visage au dessus du sien qui apparait, comme une malédiction.
« LEO ! Tu-fais-quoi ? Je pensais à toi, tout à l’heure, il y avait de la moisissure qui ressemblait à ta tête dans une assiette. »
Flot de paroles incongru, incontrôlable, biscornu, dans 4 … 3 … 2 ….
La tempête arriva plus tôt que prévu. Il avait l’impression qu’une fraction de seconde s’était écoulé entre le moment où il l’avait entendu pour la première fois et le moment où elle se trouvait juste au-dessus de lui, l’observant avec ses grands yeux bleus et ses cheveux tout aussi bleu frôlant son visage en une caresse fort désagréable. Elle venait à peine d’arriver, et il en avait déjà marre.
« De la- … Ergh. »
Moisissure. Oui. C’était bien ce qu’elle avait dit. Et honnêtement, il ne savait pas ce qui était le pire entre être comparé à de la moisissure, le fait d’avoir de la moisissure dans une assiette, et le fait que tout cela ne le choquait même pas venant d’elle. Cette fille était un déchet. Littéralement. En plus de ne pas faire le ménage, elle avait une hygiène de vie déplorable. Il pouvait d’ailleurs sentir son odeur pestilentielle, lui coupant toute envie de dormir - et probablement de manger jusqu’à ce qu’il oublie cette odeur.
« Bonjour Lux. C’est toujours un plaisir de te voir. »
Bien que ses paroles étaient chaleureuses, son ton ne concordait absolument pas avec ses mots. Il n’était pas heureux de la voir. Il ne le serait sans doute jamais. En plus de sa mauvaise odeur, Lux était beaucoup trop active pour lui, au point de presque l’étouffer - quoi que, cela pouvait être lié à l’odeur aussi.
Cependant, il était parfois amusant de la taquiner. La naïveté de Lux rendait les “blagues” de Leo plus intéressante, si bien que parfois Leo prenait plaisir à la voir, mais, si on lui proposait de rester tranquillement dans son coin ou passer une journée avec Lux, il choisirait sans hésiter la première option. Et de loin.
« Es-tu sûre d’avoir vu ma tête dans de la moisissure ou es-tu juste tellement obnubilé par moi que tu me vois partout ?»
Leo était resté allongé sur le sol et observait Lux avec une attitude complètement blasée, ses yeux étant à peine entrouvert. Il espérait sincèrement qu’elle était là juste pour quelques minutes et s’en irait rapidement, mais il avait de sacré doute là-dessus. Si Lux avait réussi à le trouver aux côtes sauvages, c’était qu’elle était déterminé à lui taper sur les nerfs.
Dernière édition par Leo Bårdsen le Lun 18 Juin 2018 - 1:21, édité 2 fois
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Dim 17 Juin 2018 - 15:21
Le temps est bon, le ciel est bleu J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux
LEO & LUX
Ni son attitude nonchalante, ni son ton sarcastique ne la repoussent. Au contraire, comme un aimant ; le + et le - qui s’attirent irrésistiblement. Bien sûr, elle n’a aucune idée de sa présence ici, bien sûr, elle n’envisage pas une seconde que s’il est venu se planquer ici, c’est bien pour être seule, tranquille, dans le si-len-ce. Lux & Le silence, c’est le vide, c’est l’absence de vie, c’est la mort certaine.
« Hmm … C’est pas si étonnant que la moisissure te ressembles, ou que tu ressembles à la moisissure. Tu sais au final, c’est pareil, toi et moi on est de la moisissure. »
Elle a toujours l’air pensive, même s’il lui a posé cette question pour la taquiner ou la casser dans son délire, désolé, mais c’est encore pire. Parce qu’elle a du mal à saisir la nuance.
« Par contre j’ai rêvé de toi et c’était un peu bizarre … je me suis réveillée j’étais … » Le bruit d’une vague qui s’abat sur le rocher couvre la fin de son histoire. Dieu soit loué.
Tu l’as déjà deviné, évidemment, Lux n’est pas prête de s’en aller. Sans rien lui demander, du genre, je peux rester, j’espère ne pas t’ennuyer, elle vient s’assoir juste à côté de lui, sur son rocher. Elle n’est pas vraiment impressionnée par son corps qui brille au soleil, ni par sa constitution bien visible ; elle est d’avantage attentive à ses expressions, aux traits de son visage. C’est juste que, ça la touche plus.
Elle sort de sa poche une sucette à la fraise qu’elle s’empresse de flanquer dans sa bouche ; si elle a bien un problème, c’est le sucre. Et elle voit la mine renfrognée de Leo et d’un coup elle comprend.
« Oh nan ! C’est la dernière ! Bon … »
Et ça en coûte vraiment, mais pour elle, Leo est son ami. Quand on est ami on partage. Alors elle retire avec une once de regret la sucette, bien scintillante de sucre et bave en fusion, pour venir la donner à Leo. Enfin, donner, plutôt, pour venir lui mettre dans la bouche, directement, genre, tu ne fais pas ça, jamais, à personne.
Et là, il fait une drôle de tête.
Lux, un peu surprise, le regarde avec interrogation.
« Bah, t’aimes pas la fraise ? Je sais que c’est un arôme de synthèse mais il ne peut pas être reproduit de façon satisfaisante à partir de ses constituants naturels identifiés. Hmm … je pourrais essayer. »
Et naturellement, elle sort un carnet de la poche centrale de sa salopette en se mettant à écrire sa future tentative de recréer l'arôme de la fraise, et naturellement, elle se tourne vers Leo avec un grand sourire aux lèvres.
Venait-elle vraiment de dire ça ? Qu’ils étaient de la moisissure ? Malheureusement oui. Leo se massa les tempes, sentant venir un mal de crâne pas possible. Quand il s’agissait d’avoir une conversation avec Lux, il fallait s’accrocher. Elle partait souvent dans des théories les unes plus farfelues que les autres, et il était assez difficile de la suivre, voir même impossible. Leo se demandait même parfois si elle savait vraiment ce qu’elle disait, si elle s’en rendait compte.
Une autre chose à savoir à propos de Lux, c’était qu’elle sortait des théories bizarres mais en plus, elle avait la capacité de changer de sujet en deux secondes, ce qui compliquait nettement le fait de la suivre. Et aujourd’hui ne fit pas exception. Alors qu’elle avait commencé à parler de moisissures - au plus grand plaisir de Leo - elle avait dévié rapidement sur un rêve qu’elle avait fait. Cependant, Leo fut incapable d’entendre la fin de son histoire. Celle-ci ayant été submergé par la vague. Et bien qu’il était plutôt curieux sur ce qu’il se passait ensuite, il ne lui demanda pas de se répéter. Connaissant Lux, il ne vallait mieux rester dans l’ignorance. Avec d’autres filles, il n’aurait pas hésité à chercher la fin de l’histoire, mais Lux était une personne étrange et ses rêves devaient être pire. Il était même possible que de la moisissure soit impliqué dans cette histoire.
Pourquoi avait-il fallu qu’elle le trouve ? Ou qu’elle le cherche ? Tout ce qu’il voulait, lui, c’était du calme. Pourquoi on lui refusait cela ? C’était à croire qu’il y avait vraiment un complot créé pour faire de sa vie un enfer.
Il regarda la jeune fille s’asseoir à côté de lui, avec un air fatigué. Qu’est-ce qu’elle lui réservait encore ? Peut-être qu’il aurait dû prendre la fuite dès qu’il l’avait entendu. Peut-être qu’il aurait pu réussir à lui échapper s’il s’était planqué quelque part. Mais, cela nécessitait des efforts physiques, et Leo avait bien trop la flemme pour ça. C’était certain, un jour, sa flemme le tuera. Mais pour l’instant, il arrivait à survivre avec ça, endurant chaque coup pourri du destin mais restant toujours impassible.
Quoique… S’il avait su en avance que Lux lui filerait sa sucette, il aurait peut-être agit autrement. Le choc fut sa première réaction. Il observa Lux avec de grands yeux, pas vraiment sûr si elle venait vraiment de faire ce qu’elle venait de faire. Puis, ce fut le dégoût. Elle venait de lui donner une sucette qu’elle avait déjà goûté, et bien évidemment, couverte de sa bave. Il se sentait sali.
Mais alors que Lux repartait déjà dans un monologue peu intéressant, Leo réalisa qu’il ne pourrait pas avoir une minute de répit avec elle, donc autant rassembler le peu d’énergie qu’il avait et se venger.
Il commença d’abord par attraper une des épaules de Lux et la plaqua contre la roche, sans douceur. Il vint ensuite se positionner au-dessus d’elle et lui remit la fameuse sucette dans sa bouche. Bien qu’il aurait pu la garder parce que le mal avait déjà été fait, Leo n’avait tout simplement pas envie de manger des sucreries. Du coup, retour à l’envoyeur.
« Ne fais plus jamais ça. »
Contrairement à d’habitude, sa voix à cet instant là fut ferme. Comme un ordre qui ne saurait accepter de refus. Toutefois, cette attitude disparu aussitôt qu’elle fut apparu, et bien vite, Leo regarda avec un air plus joueur, rajoutant sur un ton plus rieur.
« Et puis, si tu voulais vraiment faire un échange de salive, il y avait un meilleur moyen pour ça. »
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LEO & LUX
Ses yeux dans les siens, le reflet bleu d’une rivière qui coulent à l’envers. Elle a regardé beaucoup de documentaires, elle sait que dans la jungle le dominant se met sur le ventre du dominée. Et après, elle se cache les yeux. En aucuns cas elle ne voit ce qu’il y a de dérangeant à s’échanger des bonbons, mais voilà, Leo n’a plus neuf ans. Elle non plus. La froideur au fond de son regard l’effraie une seconde, puis c’est de nouveau la chaleur. Elle ne veut pas le mettre en colère, en tout cas pas volontairement. Elle est venue pour passer du temps avec son ami, parce qu’elle s’amuse, le temps passe plus vite avec lui ; parce qu’inexplicablement, son coeur bat un peu plus vite.
« Tu sais, les humains comme la moisissure, c’est une question de dosage. On peut devenir toxique si on est pas bien préparé ou bien utilisé dans des conditions strictes de dosage ou de qualité des composants entrant dans notre fabrication. »
Le plus sérieusement du monde, elle le dévisage de ces grands yeux hallucinés. Impossible de savoir entre l’imbécile et le génie, lequel des deux elle peut être. Elle a bien entendu cette histoire d’échange de salive. Ça lui trotte dans la tête comme un cheval énervé. De tout les ouvrages qu’elle a pu lire, et il y en a un paquet : de la science fiction au roman d’amour (même si tu sais bien qu’elle préfère les robots) ; à chaque fois ce geste scelle un moment tragique et anodin, un instant qui s’envole aussi soudain.
Alors c’est sans aucune gêne, qu’elle vient poser ses lèvres contre les siennes.
Et c’est avec encore moins de problèmes qu’elle le retourne, lui, un peu surpris. Ils tombent du rocher pour s’encastrer légèrement dans le sable.
« JE T’AI EU ! »
La lionne a eu le dessus. Elle rigole, encore assise sur lui, remettant dans bouche la sucette qu’ils se sont échangé. À côté d’eux les vagues s’agitent au rythme de son rire. Enfin, elle se lève, le laisse respirer, pour très peu de temps.
« J’ai supeeeeeer chaud !! »
Au moment même où elle prononce ces paroles, elle se met déjà à enlever sa salopette. Une bretelle puis l’autre, et la pièce en jeans qui lui tombe aux chevilles. Heureusement, elle porte une culotte. Oui, tu sais que ce n’est pas toujours le cas. Et vraiment, ce n’est pas par provocation, tu te doutes bien qu’elle n’y penses pas vraiment, que pour elle la nudité est naturelle et qu’après tout, on est bien tous né complètement à poil.
Elle abandonne son vêtement sur le sable comme si ça ne lui avait jamais appartenu. Elle a encore la décence de garder son t-shirt. Oui, évidemment, si elle a une culotte, elle n’a pas de soutif, c’est trop d’effort. Et puis ça l’enferme, elle a l’impression de ne plus respirer.
« Mais qu’est-ce que tu faisais là Leo ? »
Oui, c’est maintenant qu’elle demande. Après avoir maltraité son ami, convaincu de lui faire du bien. Après l’avoir traqué comme un animal blessé qui ne demande qu’à mourir en paix.
Elle se laisse tomber légèrement sur le sable chaud qui s’infiltre en ses doigts. S’amuse à le saisir à mesure qu’il s’enfuit. Elle pense à ce que c’est : du sable. Elle pense que c’est cruelle, de ne pas pouvoir être penché à plus de trente degrés avant de s’effondrer. Trente degrés, c’est le maximum pour le sable, au de-là, la stabilisation est impossible.
« Trente degrés. »
Bien sûr, difficile de savoir qu’elle parle du sable.
« Trente degrés et boum, tu t’écroules, séparé à jamais de tes grains voisins. Comme nous, ici. »
Lux, s’inquiète de l’avenir des grains de sables. Tu l'as compris, c'est ce genre de fille.
Qu’est-ce qu’elle racontait encore ? Au lieu de s’excuser, comme toute autre personne l’aurait fait dans ces conditions, Lux était encore parti dans une explication farfelue, que Leo ne comprenait toujours pas. C’était frustrant. À force de ne rien comprendre, il se remettait parfois en doute, se disant que peut-être c’était lui qui était trop imbécile pour comprendre. Il allait d’ailleurs, pour une fois, lui demander d’expliquer un peu mieux ce qu’elle voulait dire, mais il n’en eut pas l’occasion. Les lèvres de Lux se posèrent contre les siennes, l’empêchant de dire quoi que ce soit.
Oh. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce qu’elle l’embrasse quand il lui avait fait la remarque. Il avait même pensé qu’elle ne saurait peut-être pas à quoi il faisait référence. Mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Et alors qu’il allait lui rendre son baiser, Lux fut une nouvelle fois beaucoup trop rapide pour lui, car elle le retourna et ils tombèrent sur le sol.
Aïe, suivi de Ah. La chute n’avait pas fait plaisir à Leo qui pour le coup avait été celui qui avait touché le plus le sol, servant d’amortisseur pour Lux en plus de cela. Puis elle rompit le baiser. Au plus grand déplaisir de Leo. Il la regarda s’éloigner, une légère moue dessinée sur le visage. Puis fut de nouveau perdu.
Pourquoi elle se déshabillait déjà ? Leo l’observa faire pendant un instant puis détourna son regard. Il n’était pas le genre à mater les gens, il n’en voyait pas l’utilité. Il trouvait même cela plus gênant pour la personne qui subissait les regards.
À la place, il s’asseya sur le sable et frotta ses cheveux pour enlever le sable qui s’y trouvait, avec un visage quelque peu dépité. Il espéra aussi ne pas avoir de sables dans ses vêtements, sinon, cela pourrait devenir très agaçant. Et il n’aurait pas d’autres choix que de retourner chez lui pour avoir des vêtements propres. Sauf qu’il n’avait pas envie de croiser Hippolyte.
« Je suis venu écouter quelque chose de moins énervant que la voix d’Hippolyte »
Lui répondit-il sur un ton blasé. Ce qui était bel et bien la triste vérité. Est-ce qu’il aurait aimé ajouter que ça lui ferait plaisir si elle le laissait tranquille ? Oui et non. Il savait qu’il allait regretter de ne pas avoir d’instant de calme, mais il n’avait pas envie de rejeter Lux. Au fond, même si elle était bizarre, il l’appréciait.
Alors qu’elle repartait à parler de choses illogiques, Leo se leva et se dirigea vers un petit rocher près de l’eau, s’y asseyant et passant ses mains dans l’eau, à la fois afin d’enlever le sable qui s’y trouvait, et afin de tester la température de l’eau. Puis, il se tourna vers Lux, n’ayant pas vraiment écouter ce qu’elle venait de dire.
« Si tu as autant chaud que ça, pourquoi tu ne vas pas dans l’océan ? Il y fera certainement moins chaud. »
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LEO & LUX
L’électricité se dissipe vite ; mais encore présente dans l’air, comme une étincelle prête à enflammer le paysage. L’océan et les cheveux de Lux dansent au vent, aux vagues. Les remous de l’eau l’attirent irrésistiblement, alors qu’elle vient la toucher du doigt, elle aussi. Contrairement à ce que tu peux penser, son rapport à l’eau n’est pas si compliquée. C’est seulement quand il s’agit d’y ajouter du savon ou du liquide vaisselle que ça lui pose problème. Elle est restée coincée, à dix-neuf ans, dans cette phase de notre enfance où le bain nous rebute, ou la douche nous semble inutile. Mais l’eau, l’eau de l’océan, salé et vivante, est beaucoup plus intéressante.
« C’est sa voix qui t’énerves ou ce qu’il dit ? »
Elle l’observe en train de s’épousseter comme un vieux vase de ta grand-mère. La propreté n’est pas chaleureuse, les choses et les gens propres ont l’air froid. Leo, parfois il est chaud, parfois il est froid. Mais elle n’a pas la prétention de le connaître. Ce n’est pas aussi tragique que ça en a l’air. Elle connaît ce moment de sa vie, elle le connait à cet instant t, ils se rencontrent comme deux vecteurs continuant leurs courses à l’infini. Ils se croisent, maintenant, et peut-être plus jamais.
« Si ça avait été moi ton âme-soeur, tu serais là, avec Hippolyte en train de te plaindre moi ! »
Je t’arrête immédiatement. Elle n’est pas jalouse, pas le moins du monde. Je cherche mais je crois qu’elle n’a jamais ressenti de la jalousie pour personne. Pas égocentrique, ni prétentieuse, Lux a cette capacité inouïe de se contenter de ce qu’elle a. Et quand elle ne l’a plus, haussement d’épaule, c’est que ça devait arriver.
Mais c’est vrai, c’est vrai qu’elle n’a jamais perdu quelque chose de vraiment précieux. Si Leo devait s’en aller maintenant, il en serait surement autrement.
Parfois lucide, parfois dans son délire. Il faut savoir l’écouter, tendre l’oreille, il y a toujours quelque chose de très censée au fond de ses paroles.
« Je vais sauter. »
Elle ébouriffe les cheveux de Leo, toujours pleins de sable malgré ses efforts minutieux pour l’enlever.
Face au soleil, elle enlève son t-shirt et le pose à ses pieds. Comme une sirène attirée par le fond de la mer, elle se penche en avant et plonge avec élégance dans l’eau agitée. C’est le moment pour Leo de se tirer à tout jamais.
Elle garde la tête sous l’eau un long moment, un très long moment. En dessous, elle observe les poissons sans voir le fond. Elle se laisse porter par le courant, sans panique, sans essayer de lutter.
Enfin, elle ressort la tête de l’eau, sans voir Leo.
Une légère déception ; la vague qui arrive, qu’elle n’a pas vu venir, et qui l’assomme contre un rocher.
Entre la voix d’hippolyte et ses propos, il avait du mal à dire ce qu’il détestait le plus. C’était comme si c’était une seule et même identité, complètement indissociable. Et il ne détestait pas que cela à propos de son âme-soeur, il n’appréciait pas une bonne partie de son identité. C’était pour cela que quand Lux mentionna le fait que s’il s’était retrouvé avec Lux, il serait avec Hippolyte en ce moment même, le fit rire jaune. Cela lui semblait impossible. Il aurait préféré tomber sur n’importe qui que sur Hippolyte. Il aurait même eu moins de soucis avec Lux. Il en était convaincu.
Le sourire qui apparut sur son visage quand Lux lui ébouriffa les cheveux le prouvait même. Il appréciait énormément quand quelqu’un touchait ses cheveux, et il se voyait mal dire à Hippolyte de le faire, même si cela lui ferait énormément rire.
Mais par contre… Comment ça elle allait sauter ? Leo la regarda avec perplexité pendant qu’elle enlevait son t-shirt, révélant ainsi l’autre partie de son corps, ce qui valut à Leo de se “facepalm”. Pourquoi faisait-elle ça déjà ? Alors qu’il se mettait à la juger durement, elle plongea dans l’eau. Leo se releva brutalement et s’approcha de l’eau. Quand il lui avait dit d’aller dans l’océan, il n’avait pas été sérieux. Les côtés sauvages pouvaient être dangereuse quand on ne connaissait pas l’endroit, et il était assez sûr de lui pour dire que Lux n’était pas assez familière avec cet endroit. Il se mit alors à surveiller la surface de l’eau, comme un parent surveillant son enfant au parc, mais, ne la voyant toujours pas revenir, il commença à légèrement paniquer.
Il décida alors de grimper sur un rocher afin d’avoir un point de vue plus espacé, et il finit par l’apercevoir. Mais trop tard. Une vague venait de l’engloutir et il l’avait de nouveau perdu de vue. Merde. Merde. Merde. Il n’avait pas signé pour ça.
Sachant qu’il n’avait pas d’autre choix que d’aller dans l’océan à son tour, il enleva ses chaussures et vida ses poches. Il n’avait pas vraiment le temps pour le reste. Il sauta ensuite dans l’eau, s'agrippant tout de même au rocher afin d’avoir un point de repère. Il se mit alors à chercher Lux, l’appelant aussi au cas où. Dans sa voix, on pouvait à la fois entendre de la panique et de l’énervement. Car oui, Leo était extrêmement énervé. Pourquoi avait-elle fallu qu’elle prenne ses paroles à la lettre ? Pourquoi n’avait-elle pas fait attention à la vague ? Mais surtout, pourquoi n’avait-il pas réagi avant ?
Il se déplaça dans l’océan, allant de rocher en rocher, puis, finalement, il trouva Lux. Dès qu’il l’aperçu, il ne réfléchit pas plus et l’attrapa puis la sorti de l’eau, la portant tout en grimpant le rocher où il se trouvait. Ce qui n’était pas aussi aisé que cela pouvait sembler. Premièrement, le rocher était glissant à cause des algues, et deuxièmement, Leo n’était pas des plus musclés. Mais il y arriva, s’écroulant presque sur Lux, une fois qu’ils furent sur le rocher.
Ce ne fut qu’à ce moment là qu’il réalisa qu’elle était inconsciente. Ce qui le fut encore plus paniquer. Il vérifia qu’elle respirait encore, ce qui était le cas heureusement, puis lui fit du bouche à bouche.
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LEO & LUX
L’oeil rouge d’une souris, dans son rêve, tourne sur lui même. Son poil est blanc, scintillant, taché de sang. Elle se heurte désespérément aux parois de sa cage, à tel point transparentes qu’elle ne peut pas les voir quand s’y heurtant. Attachée à sa patte fébrile : le fil. Rouge, lui aussi, ici, dans les rêve tout est rouge ou blanc. La corde se déroule et disparait dans les recoins d’un labyrinthe dans lequel on est certain de se perdre.
Le décors s’assombrit : la souris tachée est la seule survivante, autour d’elle, contre les murs invisibles, les cadavres de ses consoeurs. Ou plutôt une charpie d’organes. Car c’est bien ce qu’il reste ; de la chair, des cellules à jamais mortes. Où sont les rêves, les pensées ; où sont les après-midi à la plage, la douceur de ses cheveux, les souvenirs, l’avant, l’après, l’attente, la déception, la joie pour rien ?
Tu t’attendais à ce que ce soit tout le temps drôle ? Je sais, c’est ce qu’on pense au début.
Même si elle a l’air toujours heureuse, à sa façon. Même si elle ne comprend pas les mêmes choses. Même si ses obsessions prennent systématiquement le dessus. Même si elle te semble tellement libre. Tu dois savoir quelque chose : depuis son arrivée ici, grandit au fond d’elle, un étrange sentiment. Comme une ombre, un trou noir qui se creuse progressivement derrière sa tête. C’est la peur. Qui sans l’avoir attrapé, se nourrit encore, tapissée, tendant l’embuscade avec minutie.
C’est la fin du rêve. N’y penses plus, pour le moment.
La réalité éclate soudain. De l’eau dans ses poumons, le visage de Leo, une douleur, son corps froid alors qu’il fait chaud dehors. Elle sursaute, pas parce qu’elle a faillit se noyer dans la mer et donc mourir et cesser d’exister sous cette forme. Elle est prise d’une légère angoisse, parce que sur sa rétine, comme une surimpression après un film d’horreur particulièrement traumatique ; il y a l’oeil de la souris.
Elle attrape le bras de Leo avec ferveur. Avec une pression qui veut dire : qu’il ne faut surtout pas la lâcher. Elle veut parler mais d’abord c’est l’eau qui sort de sa bouche. Elle tousse, tousse encore. Très vite, l’eau s’évapore. Et ce passage à l’état gazeux aurait pu la fasciner et lui permettre d’improviser un autre long discours sur l’état de la matière … mais : non.
Plic ploc. Du sang qui coule de sa tempe.
Surprise, sonnée par l’enchaînement des évènements, elle regarde Leo d’un air hagard qu’on ne lui connait pas souvent. Elle semble toujours aussi perdue, mais cette-fois, échouée entre le souvenir de son cauchemar et la réalité qui passe au ralentit, elle a du mal à savoir où se mettre.
Non pas qu’elle ai une place. Ça, tu as compris, moi aussi, elle aussi, qu’elle n’en a jamais eu.
« Leo … »
Sa main qui touche ses cheveux bleus, un bleu qui devient violent puis bientôt rouge. Le sang ne s’arrêtera pas de couler de si tôt. Parfois l’hémophilie n’est pas si grave. C’est juste que l’hémoglobine se déverse plus longtemps. Mais comme tu le sais surement, il y a toujours une version normale et une version boss final. Christmas comme on l’appelle, rare, aussi rare que Lux on va dire ; qui amplifie tout les problèmes, comme Lux ; qui peut vraiment vous faire crever, exactement comme Lux.
Ça lui va si bien, tu trouves pas ?
Elle est assise. Le long de sa joue un filet de sang qui s’épaissit ; qui coule le long de son cou, se jète dans le lit de sa clavicule et continue jusqu’à s’’évader de sa peau. Même si elle appuie sur la plaie, pas si grande, ça ne change rien.
Mais vraiment, elle n’a pas peur. Mais elle n’aime pas cette sensation, quand le rouge s’échappe, le voile noir qui se pose doucement sur ses yeux. Cette sensation, de quitter, encore, la réalité sans vraiment être sûre de pouvoir y retourner. La tête ahuri de Leo. Elle ne se rappelle plus si elle lui a dit. Lux parle beaucoup, mais au final, pas souvent d’elle.
« C’était nous les souris. Je n’aime pas beaucoup dormir … moi. Je n’aime pas beaucoup … les rêves. »
Elle ne lui a pas dit merci. Parce que s’il ne l’avait pas sortie de l’eau, c’est clair, c’était fichue pour elle. Elle ne lui a pas dit qu’elle aimait vraiment passer du temps avec lui. Parce qu’elle ne sait pas vraiment comment faire. Elle ne lui a pas dit qu’elle avait vu son sourire, tout à l’heure, et que son coeur avait un sursaut.
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