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Vapeurs du soir | PV. Archibald
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Lun 18 Juin 2018 - 20:22

Anna
SAVAGE

Archibald
E. HERRMANN

「Vapeurs du soir」


L’ambiance du bar auquel était accoudée Anna réussissait presque à lui faire oublier qu’elle se trouvait enfermée sur une île, sans nouvelle de ses supérieurs depuis son arrivée. Les néons rouges luisant faiblement à l’entrée avaient immédiatement attiré son attention, et elle avait pénétré dans cet espace rempli de brumes écarlates. Les basses de la musique résonnaient doucement sur les murs éclaboussés de peinture noire, et le barman était à son poste, rangeant une bouteille de whisky sur son étagère d’ébène. Elle s’était assise sur le tabouret de cuir brun surélevé et avait demandé un verre. Elle n’avait même plus besoin de vérifier si elle avait de quoi payer. Ce qui gâchait un peu le plaisir.

Elle vida d’un trait son verre, en recommanda un autre. Ce soir, elle avait envie de s’amuser un peu. D’oublier que quand elle rentrerait, sa maison ne serait pas vide. Putain de Fil Rouge. Elle se retourna et observa le bar dans son ensemble. C’était un petit café : il ne possédait que quelques tables entre le bar et la vitrine, et ces dernières étaient occupées par quelques groupes de jeunes qui plaisantaient et buvaient sans compter. Pourtant, tout semblait calme. La plénitude du brouillard rouge, sans doute. Les vapeurs de l’alcool présentes dans l’air contribuaient à rendre les contours de l’endroit flous et fluctuant. Et l’on pouvait y ajouter la fumée des quelques cigarettes luminescentes. Cela lui donnait envie. Une petite clope rendrait le tableau parfait.

- C’est fumeur, ici ? demanda-t-elle en jetant un regard au barman et en montrant le groupe du pouce.

L’homme acquiesça d’un signe de tête et retourna à ses affaires. Anna reposa son verre et plongea sa main dans sa poche gauche. Rien.

- Et merde, marmonna-t-elle. Vous vendez des clopes ? J’en ai plus.
- Hélas non, mademoiselle.

Elle laissa échapper un autre juron. Portefeuille illimité, mais pas foutue de se trouver un paquet de cigarettes. Cette nuit commençait si bien… Remarque, elle pouvait en taxer à quelqu’un. Elle se tourna à nouveau vers les tables et en remarqua une en retrait des autres, cachée de la vitrine par un pan de mur qui formait un couloir assez large pour y installer plusieurs clients. Pas si petit que ça, le café. A cette table, elle repéra rapidement la petite lumière orangée dont elle était à la recherche. Et derrière elle, un jeune homme blond dont les yeux bleus glace reflétaient le rouge des néons. Mignon. Très mignon, même. Et seul. Avec un peu de chance, un autre imparfait. Elle se leva et se dirigea sans bruit vers lui, avant de s’arrêter à sa hauteur.

- Salut, mec. Excuse-moi, mais j’ai plus de clopes. Ça te dérangerait de m’en passer une ?

Elle avait fait son maximum pour être polie. Vraiment. Et maintenant, elle le fixait avec cette mauvaise habitude d’analyse. Un peu moins de trente ans. Un verre presque plein : il n’était pas ici juste pour boire comme le groupe d’amis un peu plus loin. Et son visage semblait traduire un mécontentement latent. Intéressant.
Anonymous
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Mar 19 Juin 2018 - 12:47

vieux bar fumeur.
un adjectif, deux noms communs. Phrase pauvre, tes pensées sont décevantes.

l’ambiance te satisfait : l’odeur de l’alcool s’imprégne partout dans ce bâtiment, t’aimes cette odeur, et ce brouillard qui prend possession de l’air… la cigarette est Reine ici.

ton verre de bourbon est quasiment plein, ta bouche l’embrasse rarement ; elle est occupée avec ta clope. Cette fumée qui s’échappe masque tes sentiments négatifs. Elle t’enveloppe, te cache, te détruit, te possède.

une gonzesse vient jusqu’à toi.
que veut-elle ? t’en as rien à foutre, bon sang.

et elle ose te demander une clope avec son pseudo air de femme polie. Tu vois bien que ça la tuerait presque de te dire le mot magique. Un s’il te plaît, c’est pas la mort. Mais elle te fait plus rire qu’autre chose –intérieurement.
ton regard se concentre sur elle, tu es muet. Cheveux noirs, plutôt longs ; yeux verts. ok, tu notes. T’apprends à connaître le visage d’un inconnu, d’une inconnue ici.

« j’te file une clope si tu me tiens compagnie. »

c’est le deal.

t’offre pas tes clopes en un claquement de doigt. Il t’en reste pas des masses. Peut-être cinq, six ou quatre ? ça baisse, là. Tant pis, tu peux partager pendant quelques minutes. Ça va pas te tuer. Le gouvernement paye tout.

« que fais une femme seule dans un bar à cette heure-ci ? »

non tu comptes pas balancer une disquette.
t’es pas débile non plus, encore moins un lover. Et bon sang, qui sortirait une disquette maintenant ?

« tiens, ta clope. »

tu lui files une clope, tu la lui tends jusqu’à ce qu’elle la prenne, tout en la fixant droit dans les yeux. C’est ta bonne action de la soirée.
Anonymous
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Mar 19 Juin 2018 - 18:27

Anna
SAVAGE

Archibald
E. HERRMANN

「Vapeurs du soir」


L’homme à la gueule d’ange moderne la fixa. Lui aussi, il la sondait. Elle le sentait. Elle sentait qu’il n’était pas l’un de ces garçons naïfs et joueurs qui ne pensent pas plus loin que ce qu’ils voient et qui ne savent pas regarder. Lui savait regarder. Elle soutint son regard. Glace contre émeraude. Couleurs si froides qui dansaient dans la chaleur rougeoyante environnante. Pendant un court instant, il ne dit rien. Seuls les rires et la musique résonnaient dans le brouillard.

Ses yeux s’illuminèrent soudain d’un éclat nouveau.

- J’te file une clope si tu me tiens compagnie.

Un petit sourire traversa le visage d’Anna. Une sorte de marché, hum ? Pour des clopes gratuites ? Pourquoi pas, après tout. Elle aussi, elle avait envie de compagnie. Et ce gars semblait avoir du répondant, ce qui ne lui déplaisait pas. Un peu de conversation ne lui ferait pas de mal, dans ce monde de faux semblants.

- On se sent seul ? répliqua-t-elle en s’asseyant en face de lui.

Sous ses airs malicieux, sa question en cachait bien d’autres. Que faisait-il ici, pourquoi était-il seul, que pensait-il de ce merdier. S’il était bavard, il le lui dirait bien assez vite. Sinon, ils avaient toute la nuit devant eux. Et il semblait assez intelligent pour ne pas raconter sa vie à une inconnue. Ce qui signifiait une soirée plaisante, en perspective.

- Que fait une femme seule dans un bar à cette heure-ci ? lui demanda-t-il à son tour.

Lui aussi connaissait le jeu des questions, semblait-il. A moins qu’il ne s’agisse simplement d’une technique de drague aussi vieille que le monde. « Non, tu es plus intelligent que ça », songea-t-elle. Elle allait donc, elle aussi, devoir fournir quelques réponses. Pas trop. La musique n’était pas assez forte pour couvrir sa voix à un quelconque micro. Dans cette atmosphère brumeuse, il était si aisé d’en dissimuler. Et puis, après tout, cet homme, elle ne le connaissait pas. Pas encore.

- Elle boit, répondit-elle en montrant son verre, qu’elle tenait toujours. Pour oublier sa petite cage dorée. Et elle a une meilleure descente que la tienne, à en juger l’état de ton verre. Et que fait un homme seul dans un bar à cette heure-ci, s’il ne boit pas ?

Il lui tendit une cigarette, qu’elle attrapa en le gratifiant d’un petit « merci ». A nouveau cette bataille de regards. Leurs yeux ne se lâchaient plus. Il lui semblait que c’était mieux ainsi. Des yeux glacés bien plus durs que ceux de Lauryn, douce Lauryn. Elle détestait devoir penser à son âme-sœur. Cela lui rappelait le Fil Rouge. Et le Fil Rouge, cela lui donnait envie de tout exploser. Le couteau caché dans sa botte n’avait pas encore servi. Mais, après tout, elle avait le temps.

- Il fait sombre, ici. Ça cache toute cette merde au-dehors. Tu viens souvent ici ? Ou t’es nouveau ?

Anonymous
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Mar 19 Juin 2018 - 19:27

elle te demande si tu te sens seul, plaisanterie du soir.
tu acquiesces.

elle prend place face à toi, son verre à la main. Elle est ici pour boire, elle vient de te le dire. Stupide question ? non, question calculée. Question qui permet de causer une conversation entre deux individus assis à cette table précise où tu te situes. Et tu es l’un de ces deux individus, elle, c’est la deuxième personne.

jugement soudain.
tu ne tiens pas l’alcool d’après ce que tu comprends.
vérité ou mensonge.

elle te retourne ta question.

« clopes, alcool, âme-sœur. j’te fais pas un dessin. »
« madame, je suis un homme patient ; je déguste mon verre. »


précision importante.
réponse importante.

t’assumes, t’es là pour oublier cette vie incroyablement pittoresque en te noyant dans les clopes et l’alcool. Pour oublier ce petit monsieur atypique. Atypiquement irritable.

et merde, t’es pas là pour te bourrer la gueule à cette heure-ci. T’as seulement besoin d’un verre, d’une clope, d’un bar et d’un coin tranquille pour passer une bonne soirée.

quoi de mieux qu’une clope et qu’un verre de bourbon.

tu la regardes attentivement.

tu l’entends ouvrir sa bouche une nouvelle fois. Cette fois-ci, elle ne te demande pas une clope –après tout, tu viens de lui en filer une. Qu’a t’elle à dire d’important pour briser ce nouveau silence que tu admires ? rien.

client fidèle ou client nouveau.
c’est sa question.

« je l’ai élu “meilleur bar de l’année”, j’te laisse deviner ce que ça signifie. »

ouais, tu réponds sans répondre. T’es chiant comme mec.

t’es un mec, quoi.

alors tu fronces légèrement les sourcils, tu tires une nouvelle taffe de ta clope et tu recraches la cigarette. Douce fumée qui vole au gré du chemin que tu lui offres.

docile et fourbe cigarette.

« toi, t’es nouvelle ici. J’me trompe ? »
« et t’es une femme bizarre. Tu demandes à un barman s’il vend des clopes. Ouais, j’ai entraperçu cette scène, désolé pour toi. »


t’es choqué par le fait de voir une femme demander si un barman vend des clopes, ce qui n’est pas étonnant provenant de toi.

mais qui demande à un barman s’il vend des clopes ?

« j’ai jamais vu quelqu’un demander ça à un barman. C’est pas un buraliste. »

un buraliste, métier différent de celui de barman.

« et quel est ton prénom, madame j’me-donne-un-air-poli-pour-choper-une-clope-à-un-étranger ? »

très long surnom.

il était primordial d’obtenir son prénom.

« j’t’arrête tout de suite : je sais que les femmes manipulent comme elles respirent, je veux ton vrai prénom, me dis pas que tu t’appelles Gertrude. Je risque de te juger sinon. »

ouais.

c’est mal de juger quelqu’un qui se nomme Gertrude. En plus, c’est un prénom lambda, il n’a rien d’extraordinaire. À part que tu trouves que c’est un prénom de sorcière à verrues.

« archibald, c’est mon prénom. »

tu te présentes rapidement.

oui, t’as conscience qu’Archibald c’est pas le prénom le plus répandu sur Terre. Mais tu fais avec, t’as pas eu le choix d’avoir ce fichu prénom.

« j’suis cool, je t’offre mon prénom tout de suite. »

tu es cool ce soir.
alors tu tires encore une taffe et tu recraches la fumée.
Anonymous
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Mar 19 Juin 2018 - 20:47

Anna
SAVAGE

Archibald
E. HERRMANN

「Vapeurs du soir」



Il acquiesça simplement à sa question taquine. Peu bavard, donc. Mais enclin à la compagnie. Etrange façon de penser.

- Clopes, alcool, âme-sœur, j’te fais pas un dessin.

Pas besoin d’images, en effet. Imparfait comme elle l’avait pressenti, insatisfait de son âme-sœur ou du moins de sa situation. Pourtant, il ne semblait pas vouloir se noyer dans l’alcool jusqu’à se transformer en loque humaine. Anna en avait déjà fait l’expérience. Une fois. Quand son frère n’était pas revenu avec son bataillon. Elle avait bu, abandonnant sa raison au fond d’un verre, avait détruit la moitié du mobilier de la boîte et abîmé une bonne partie de sa clientèle. Le désavantage, quand on sait se battre et qu’on est soûl, c’est qu’on est diablement efficace mais terriblement irrationnel. Elle avait décuvé sur un toit, sans trop savoir comment elle y était montée. Depuis, elle buvait moins. Enfin, raisonnablement. Disons qu’elle tenait bien l’alcool, du moins.

- Madame, je suis un homme patient : je déguste mon verre.
- Difficile de noyer ses soucis de colocation en un seul verre, Monsieur. Toi aussi, déçu du résultat ? A quoi tu t’attendais, une jolie blonde aux yeux bleus, comme toi ?

Elle alluma sa clope et tira sa première bouffée de la soirée avec délectation. Bordel que c’était bon. Il la regardait à nouveau. Arrête de me sonder, joli cœur, tu tentes le diable.

- Après tout
, concéda-t-elle, peut-être qu’il suffit juste de changer d’endroit pour changer de pensées. Je déguste juste plus rapidement, voilà la différence.

Sur ces paroles, elle prit une nouvelle gorgée de whisky. Son verre était si peu rempli… Nicotine, alcool, brume et yeux bleus, il suffisait finalement de peu pour se sentir à l’aise.

- Je l’ai élu “meilleur bar de l’année”, j’te laisse deviner ce que ça signifie.

Il jouait. Jeu de devinettes, de cartes cachées. Amusant. Il tira à nouveau sur sa cigarette. Anna laissa un sourire narquois se dessiner sur ses lèvres. Décidément, cette soirée promettait.

- Tu es joueur, hum ? Laisse-moi supposer. Pour boire aussi peu tout en voulant oublier une âme-sœur décevante, tu ne dois pas être si désespéré. Pas si ancien que ça, après tout. Quand on ne connait qu’un bar, il ne peut être que le meilleur.

Elle haussa les épaules.

- Et tu es là depuis moins d’un an. Ta mine déçue parle pour toi.
- Toi, t’es nouvelle ici. J’me trompe ? Et t’es une femme bizarre. Tu demandes à un barman s’il vend des clopes. Ouais, j’ai entraperçu cette scène, désolé pour toi.

Anna émit un petit rire, reprit une gorgée d’alcool. Merde, elle venait de finir son verre. Tant pis, il lui restait la clope et un interlocuteur mignon et quelque peu provocateur. Ce dernier continua :

- J’ai jamais vu quelqu’un demander ça à un barman. C’est pas un buraliste.
- C’est que tu n’as pas assez traîné aux bons endroits. Sur les docks, ou dans les petites ruelles mal famées des quartiers violents, un barman n’est pas qu’un barman. Ni même un buraliste. Il gère… pas mal de choses. Et puis merde, s’il fumait, il n’avait qu’à m’en passer une, ça n’allait pas le tuer.

Elle ponctua sa phrase avec une nouvelle inhalation de nicotine. Une femme bizarre. Ce n’était pas faux. A 27 ans, une femme normale n’avait pas vu autant de choses qu’Anna. Ni fait autant de choses. « Une femme bizarre… Si tu savais, mon joli… » songea-t-elle avec un malin sourire.

- Et quel est ton prénom, madame j’me-donne-un-air-poli-pour-choper-une-clope-à-un-étranger ?
- Contente que ça t’ai paru poli, je me tâte encore, répliqua-t-elle. Mais tu fais bien de demander, il faut vraiment que tu arrêtes de m’appeler Madame.
- J’t’arrête tout de suite : je sais que les femmes manipulent comme elles respirent, je veux ton vrai prénom, me dis pas que tu t’appelles Gertrude. Je risque de te juger sinon.

Les femmes manipulent comme elles respirent ? Elle leva un sourcil. Dans son cas, peut-être. Mais c’était son métier. Lauryn était-elle capable d’une quelconque manipulation ? Elle en doutait. « Attention à toi, tu étais si bien parti…» pensa-t-elle. D’un ton légèrement provocant, elle répondit :

- Je m’appelle Anna. Mais si ça te convient pas, mon joli, tu iras faire ton parano ailleurs. Et, pour ta gouverne, tu sauras que quand on manipule quelqu’un, un mensonge inutile est un mauvais mensonge. Que tu me nommes Anna ou Lily, ou même Gertrude, je m’en fous. Si je voulais manipuler quelqu’un, j’aurais dragué le barman ou un gars du FR. Quel serait mon intérêt à mentir à un mec qui pense comme moi, hum ?

Elle n’avait pas quitté son visage du regard. S’il continuait à douter d’elle, cela pouvait signifier deux choses. Soit il était en réalité un agent du Fil Rouge qui la surveillait, mais cela lui paraissait peu probable, soit il ferait un très bon camarade de complot en vue d’une quelconque action de la jeune femme. Enfin, il fallait déjà qu’il ait le cran.

- Archibald, c’est mon prénom. J’suis cool, je t’offre mon prénom tout de suite.
- Archibald. Moins passe-partout qu’Anna, mais agréable à l’oreille. A condition que tu ne me mentes pas : après tout, on est d’autant plus méfiant qu’on est trompeur. J’le sais d’expérience.

S’ensuivit un nouveau moment de silence, dans lequel seuls leurs souffles de volutes grises se laissaient entendre sur la musique. Et les rires. Et la chaise qui tombe. Elle tourna brusquement la tête, sa main descendant instinctivement vers sa chaussure droite, où se trouvait sa seule arme : réflexe de survie qui l’avait sauvée plus d’une fois, mais qui fut inutile à cet instant. L’un des jeunes était tombés de sa chaise, ivre mort, et les autres riaient de plus belle en tentant de le relever. Sa main remonta lentement, l’adrénaline redescendit. Fausse alerte. Elle espéra que l'attention du dénommé Archibald avait plus été attirée par le bruit que par sa réaction.

- Cet endroit serait parfait sans ces petits cons, râla-t-elle. Plus moyen de bavarder tranquille.

Habituellement, le bruit des bars, c’était Anna qui le provoquait, quand l’un des buveurs tentait une approche un brin trop tactile. Elle ne comptait plus le nombre de nez qu’elle avait cassés à ces occasions. Elle aimait le jeu de la drague et de la séduction, oui. Mais les hommes en chien ne l’intéressaient pas. Un chien n’était jamais qu’un être soumis à ses pulsions. Même si les pulsions de violence auxquelles cédait Anna lui retiraient quelque peu toute crédibilité sur ces reproches.

- Tu m’espionnais, au comptoir, ou bien je mets ça sur le compte de ton ennui ?

Anonymous
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Mer 20 Juin 2018 - 13:31

noyer ses soucis de colocation, non, tu n’étais pas là pour ça.
tu décompresses.

déçu des résultats du Fil Rouge, peut-être que tu l’étais, mais t’en savais trop rien. Ce bonhomme, tu ne le connaissais qu’à peine. Et il était irritable, beaucoup trop. Et surtout, tu le trouvais pas normal.

par contre, la jolie blonde aux yeux bleus, tu la voulais pas.

pas question de se retrouver avec la bimbo de l’île.

« je m’attendais à rien, j’en voulais pas. »
« et toi, mauvaise pioche ? »


elle tira sa première taffe de la soirée. Et toi, la seule chose à laquelle tu viens de penser est que tu as une clope en moins.

« je ne suis pas désespéré, Madame. »

préféras-tu dire en premier temps.

désespéré, toi, jamais.

« je suppose que nous sommes tous quasiment là depuis moins d’un an, ai-je raison ? »

difficile d’employer le terme contradictoire à la raison lorsque tu es persuadé de connaître la bonne réponse.
quant à elle, tout comme toi elle n’est pas une ancienne de l’île.

« malheureuse femme, tu te méprends. J’ai découvert plus d’un bar ici. Et celui-ci est le meilleur parmi tous. »

le meilleur.

ce n’est pas pour rien que tu l’as élu ainsi.

ensuite, elle t’apprit qu’il était possible d’acheter toutes sortes de choses dans les bars des quartiers malfamés. Le quartier des personnes que tu évites en général, tout simplement ; ne cherche pas plus loin, archibald.

« sur cette île, il n’y a que de bonnes personnes, je le crains. Alors le barman sera un barman lambda. Tu t’y habitueras, je le sens. »

te moques-tu.

sa réponse, tu la trouves sèche.

une femme dans toute sa splendeur.

« qu’appelles-tu un “mensonge inutile” ? ne savais-tu donc pas que le nom peut être un élément important dans une enquête ? cela me déçoit, Madame Anna. »

ton sourire moqueur reste collé à tes lèvres. Et par envie, tu tires encore et encore une taffe. Tu ne fais que ça, décidément.

« pensons-nous vraiment la même chose ? cela est-il possible ? soit, je te crois, Anna. »

anna, prénom commun.

diable, es-tu le seul être de cette île à avoir un prénom vieillot et terriblement horrible ? Tes parents sont diaboliquement cruels.

« archibald est vraiment mon prénom. Si je devais trouver un autre prénom que celui-ci, je t’aurais donné un prénom assez basique. Louis ? Oui, je me serais nommé Louis, je crois. »

tu crois
mais t’es jamais sûr.

soudain, t’entends une chaise se fracasser par terre avec son cavalier. Bon sang, voilà une raison pour laquelle tu picoles moins que ces gosses. Tu penses un minimum à ta dignité.

et t’as remarqué le petit geste qu’Anna venait de faire.

elle a la trouille des jeunes ou quoi ?

t’en sais rien, mais tu affiches déjà un sourire moqueur sur ta figure.

« ces petits cons qui t’ont surpris et à qui tu étais prête à foutre un poing, c’est de ça dont tu parles ? »

dis-tu d’un air amusé.

tu tires une nouvelle taffe, tu observes la fumée circuler.

elle te demande si tu l'espionnait au comptoir.
tu ris.

« t’espionner ? »

répètes tu, hilare.

tu ne l’espionnais pas.

alors tu repris ton calme et tu tiras encore une fois une bonne bouffée de cigarette. Un sourire amusé sur les lèvres, tu la regardas silencieusement le temps d’une minute.

« je ne t’espionnais pas, Anna. C’est l’ennui qui porte mon regard sur chaque individu s’étant réfugié ici. »

si elle n’était pas venue à toi, tu ne serais pas venu à elle.

« toi, par contre, tu as montré que tu étais quelqu’un d’observateur, l’es-tu ? tu as vu ma table. »
« est-ce parce que j’étais seul que tu es venu jusqu’à moi ? Je présume que tu aurais été plus réticente à me quémander une clope si j’avais été accompagné. »


tu prends ton verre de la main libre et tu bois une gorgée.

tu reposes ton verre et tu tires encore une taffe.

la cigarette, ta muse.

« tu ne veux pas commander un autre verre ? »

lui demandes-tu.
t’as remarqué son verre, vide.

était-elle assoiffée ? Peut-être que oui, peut-être que non.

pour le savoir, il te fallait poser une question, et poser cette question te déplaisait. Tu avais carrément la flemme de parler de sa soif.

« j’te conseille le bourbon. »

parce que t’aimes le bourbon.
Anonymous
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Mer 20 Juin 2018 - 22:26

Anna
SAVAGE

Archibald
E. HERRMANN

「Vapeurs du soir」



- Je ne m’attendais à rien, j’en voulais pas. Et toi, mauvaise pioche ?

Sans blague. Qui aurait voulu d’une âme-sœur imposée ? Les gamines fleur bleue devaient en être ravies, mais elle se doutait que les électrons libres ne sauraient être satisfaits. Il ne lui parla pas de son âme-sœur. Peut-être voulait-il éviter le sujet.

- Discrète, c’est déjà ça. Mais qu’est-ce que tu veux qu’je fasse avec une gonzesse ? C’est pas mon trip. Âme-sœur, mon cul.

Elle savait qu’elle avait tort en prononçant ces mots. Elle savait qu’il existait quelque chose entre les deux femmes. Mais cela la foutait en rogne plus qu’autre chose, alors, elle n’y pensait pas.

- Je ne suis pas désespéré, Madame. Je suppose que nous sommes tous quasiment là depuis moins d’un an, ai-je raison ?

Question rhétorique. Les premiers enlèvements notés par l’agence d’Anna dataient de moins d’un an, de toute façon. Mais ça, elle ne pouvait clairement pas le dire. Elle remarque cependant qu’il insista sur le fait qu’il n’était pas désespéré. Evidemment que non. Quand on est désespéré, on ne déguste pas. Elle en savait quelque chose.

- Tu n’as pas tort, en effet. Tous nouveaux, tous jeunes. Tous cobayes d’une expérience à la con.

- Malheureuse femme, tu te méprends. J’ai découvert plus d’un bar ici. Et celui-ci est le meilleur parmi tous.
- Heureuse de l’apprendre, homme non désespéré. Mais désolée pour tous les autres bars. J’espérais un meilleur niveau.

Si celui-là était le meilleur, et elle ne niait pas qu’il était très agréable, les autres devaient cependant être d’un ennui profond. Elle aurait l’occasion de le découvrir au cours des prochaines nuits. Elle rêvait d’une bonne bagarre entre client ivres morts. Elle avait besoin de se défouler. Se contenir trop longtemps n’avait jamais été probant chez la jeune femme : la pression qui s’accumulait ne faisait que retarder une explosion de plus en plus dangereuse.

- Sur cette île, il n’y a que de bonnes personnes, je le crains. Alors le barman sera un barman lambda. Tu t’y habitueras, je le sens.

Elle ne retint pas son rire. L’ironie de cette phrase était palpable.

- De bonnes personnes ? M’habituer ? Me fais pas rire. Il y a des gens bien pires que moi sur cette île. En cherchant un peu, tu trouveras sûrement quelques criminels dans le tas. Je ne crois pas que le Fil Rouge s’intéresse au casier judiciaire. Et ce barman, il bosse pour eux. Alors je te le dis : y aura des violences sur cette île comme partout ailleurs. L’argent ne fait pas tout.

Si Anna avait été enlevée malgré son tempérament, elle ne doutait pas qu’elle avait raison. Dans un mois ou deux, elle serait certainement témoin des premières réelles tensions entre les habitants de l’île. Que ce soient les Parfaits, les Imparfaits ou bien les employés du Fil Rouge. Elle le sentait.

L’homme ne sembla pas apprécier sa réplique. Tant mieux. Elle définissait ses limites. Ainsi, il n’aimait pas le ton qu’elle avait employé. Elle n’avait pourtant pas été agressive. Susceptible.

- Qu’appelles-tu un “mensonge inutile” ? Ne savais-tu donc pas que le nom peut être un élément important dans une enquête ? cela me déçoit, Madame Anna.

Il lui parlait de savoir gérer une enquête ? A elle ? Elle qui avait échappé pendant plus de dix ans à toutes les pègres qu’elle s’était mises au cul ? Cette fois, elle retint un rire sarcastique. Elle ne pouvait pas lui en parler. Vraiment pas.

- Un mensonge inutile, mon cher Archibald, c’est par exemple que tu pourrais à tout moment vérifier mes propos au CFR ou même sur le net local, puisque nous avons chacun un dossier. Je suis sûre qu’en fouinant un peu, il y a des informations bien plus intéressantes à trouver sur nous deux que ce que nous nous dirons ce soir. Et, à moins que tu sois commissaire, me parle pas d’enquête.

Il n’était pas crédible une seconde, avec son sourire moqueur qui tendait à lui signifier qu’il avait marqué un point. Le métier officiel d’Anna était celui d’un simple lieutenant du FBI. Son agence en était une branche inconnue du public, et le secret national la rendait quasi certaine que même le Fil Rouge n’était pas au courant de ses activités. Mais son « faux » job, qu’elle pouvait interpréter avec aisance, était certainement inscrit dans son dossier. Elle ne lui révéla cependant pas. Qu’il lui pose la question, si ça lui chantait.

- Pensons-nous vraiment la même chose ? cela est-il possible ? soit, je te crois, Anna.
- Merci de ta confiance, Archibald.
- Archibald est vraiment mon prénom. Si je devais trouver un autre prénom que celui-ci, je t’aurais donné un prénom assez basique. Louis ? Oui, je me serais nommé Louis, je crois.

Elle rit, amusée. Il n’avait pas tort.

- Je te crois, je te crois. J’aime bien, Archibald. Mieux que Louis, à mon sens. Enfin, sauf si t’as envie d’être discret.

L’incident de la chaise survint. Merde, à son air moqueur, il avait remarqué. Remarqué, mais pas percuté ce que ça impliquait, à en juger ses propos.

- Ces petits cons qui t’ont surpris et à qui tu étais prête à foutre un poing, c’est de ça dont tu parles ?
- C’est de ça dont je parle, oui. La plupart du temps, là où je traîne d’habitude, ce genre de bruit est synonyme de grabuge. Il faut faire gaffe aux bouteilles qui volent, en particulier. Mais ce bar a l’air plutôt calme.

Dommage. Ses poings chargés d’adrénaline la démangeaient. Mais ce ne serait pas pour ce soir. Contrôle de soi. Elle devait se maîtriser.

- T’espionner ? répéta-t-il, rieur.

Elle se contenta de le fixer, sans répondre. Réponds, joli cœur.

- Je ne t’espionnais pas, Anna. C’est l’ennui qui porte mon regard sur chaque individu s’étant réfugié ici, ajouta-t-il au bout d’un long silence.
- Hum. Et je suppose que t’en avais marre des trois baltringues d’à côté.

Les intéressés, morts de rire, étaient en train de quitter le bar en laissant un tas de billets sur leur table. Enfin tranquille. « Faudrait savoir ce que tu veux, Anna. Action ou détente ? » Détente.

- Toi, par contre, tu as montré que tu étais quelqu’un d’observateur, l’es-tu ? tu as vu ma table. Est-ce parce que j’étais seul que tu es venu jusqu’à moi ? Je présume que tu aurais été plus réticente à me quémander une clope si j’avais été accompagné.
- J’ai pas trop le choix de l’être. Il faut savoir regarder pour survivre. Mais te trompe pas. C’est pas parce que t’étais seul que je suis venue. T’aurais été avec une gonzesse ou un autre gars, je m’en foutais. J’ai surtout remarqué que t’avais l’air plus lucide que les autres. Moins heureux de sa p’tite cage. Et ça, ça m’intéressait. Les êtres non libres ne m’intéressent pas. Les gars qui viennent de sortir ne m’intéressent pas.

Elle s’arrêta, fuma. Tout comme lui. Il regarda le verre tristement vide de la jeune femme.

- Tu ne veux pas commander un autre verre ? J’te conseille le bourbon.

Anna sourit. Bon conseil. Devait-elle boire encore ? Le whisky ne lui avait fait aucun effet. Signe qu’elle n’en avait pas eu assez. Mais elle devait rester consciente de ses actes.

- Le bourbon, hum ? Pourquoi pas. J’vais essayer de le déguster, pour voir.

Elle appela le barman, demanda un bourbon. Bientôt, elle avait un nouveau verre devant elle, joyeusement rempli. Elle se retint de tout boire, n’en prit qu’une gorgée.

- Pas mal.

Elle devait avouer que les crûs étaient bons, ici. Déguster. Pourquoi pas.

- T’aimes ce bar parce que l’alcool est bon ? Ou pour tout ce rouge ?

Rouge qui dansait dans leurs prunelles. Rouge comme le Fil. Putain de Fil.
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Ven 22 Juin 2018 - 16:17

son âme-sœur est une femme, discrète d’après elle
mais elle te dit que ce n’est pas son “trip”. Tu comprends. Ton “trip”, à toi, ce sont les hommes et les femmes. Autrement-dit, tu es bisexuel.

l’argent ne fait pas tout, disait elle, ouais tu comprenais : l’argent ne fait pas le bonheur et toi-même tu en avais conscience. Tout ce que tu voudrais, c’est retourner vivre ta vie, quelque part, où tu exerceras ton superbe métier. Archibald, tu es psychologue, tu aimes venir en aide à autrui –même si t’es un feignant né.

tu relèves un détail de sa phrase
“des gens bien pires que moi sur cette île”, avait elle mentionné.
cette remarque te fait sourire.

« je me fiche des criminels, des innocents, des religieux, des femmes, des hommes et des enfants. au fond, nous sommes tous de bonnes personnes. »

cette remarque, tu décides de la recracher.
pour voir ses réactions, sa manière de se justifier.

« tu me dis qu’il y a des gens “bien pires que toi” sur cette île, or sommes-nous d’accord sur le fait qu’à mes yeux tu n’aies rien commis d’horrible ? de ce fait, tu te doutes que je m’attends à une justification de ta part. »

un léger sourire orne tes lèvres.

elle te parle du mensonge inutile comme si elle en savait plus que toi. Elle te faisait plus rire qu’autre chose, cette femme. Tu l’écoutes, patiemment. Tu attends qu’elle termine son explication.

elle juge bon de te signaler que si tu n’étais pas commissaire, tu n’avais pas à lui parler d’enquête. Cela te fit sourire davantage.

« ma chère, je ne “fouine” jamais ; j’écoute et j’apprends seulement. L’être humain a plus à dire qu’un simple dossier, chose que tu sembles oublier. »

enfin, tu juges bon de lui dire :

« je ne suis pas commissaire, certes, mais le terme “enquête” n’appartient pas à la police. Je suis donc en droit de te parler d’enquête, puisque chaque individu est capable de mener sa propre enquête sur un sujet qui lui tient à cœur, ou non. »

la conversation sur les prénoms, tu la trouvais moins tendue.
elle te remercie de ta confiance, tu lui fais un clin d’œil en ajoutant :

« je te crois, mais je ne te fais pas confiance. Ne mélange pas ces deux verbes, Anna. »

elle mentionne le bar dans lequel elle traînait, jadis, avant d’être enfermée au sein de cette île dite utopique.

bouteilles qui volent, bagarres à gogo, tout le contraire de ce bar actuel.

amusé, tu lui réponds :

« si tu es tant habituée par ce genre de situation, pourquoi ta main a t’elle rencontré la partie inférieure de ton corps ? ce n’était pas très discret. »

admis-tu à la fin.

elle te demande si tu en avais assez des trois jeunes hommes ivres.

en réalité, tu ne faisais pas plus attention que cela à eux, mais tu acquiesces par sympathie en lui offrant un simple sourire.

s’ensuit une réponse à ta question.
elle te dit qu’elle était venue jusqu’à toi parce que tu semblais moins heureux de ta cage, que tu étais plus lucide que les autres.

« étant donné que j’ai à peine touché à mon verre, je dirais même que je suis la personne la plus lucide de ce bar, hormis le barman dont je ne sais rien. Même toi, tu n’es plus si lucide que ça. »

t’es pas alcoolique
t’es pas un grand fan de l’alcool non plus

toi, ce que tu aimes, c’est la cigarette.

« tu attends quoi de moi, puisque tu t’intéresses aux gens malheureux à cause de leur cage ? tu attends que je te révèle des informations top-secrètes sur ma personne ou que je te rejoigne pour monter un coup d’état contre le Fil Rouge ? »

tu souris
tu tires une taffe

« qu’entends-tu par “être non libre” et “être libre” ? »

précis comme gars, tu l’étais.

finalement, elle commande un bourbon.

excellent choix, tu l’avais bien guidé.

elle finit par te demander ce qui te plaît dans ce bar ; l’alcool ou le rouge. T’en savais trop rien. L’ambiance ? ce choix ne figurait pas dans ses propositions, mais la vie n’était pas limitée en choix, normalement.

« ni l’un, ni l’autre. »

réponds-tu.

ce qui n’est pas si faux que ça.

« c’est la tranquillité du bar qui me plaît tant. »
« toi, tu aimes les bagarres, c’est bien ça ? tout ton corps me répond oui, je le vois d’ici. »


plaisantes tu à son égard.

« pourquoi aimes-tu foutre la zizanie à chaque coin de rue ? qu’est-ce qui te plaît dans le fait de se battre ? »

tu te demandes quelle importance la bagarre et la zizanie ont dans sa vie, qui ne te paraît guère tendre soit dit en passant.

tu la regardes dans les yeux, tu la scrutes silencieusement.
et tu recommences à parler.

« t’as un fort caractère, je présume. Ai-je raison ? »

oui, tu en es sûr.
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Sam 23 Juin 2018 - 21:39

Anna
SAVAGE

Archibald
E. HERRMANN

「Vapeurs du soir」


Le jeune homme sourit.

- Je me fiche des criminels, des innocents, des religieux, des femmes, des hommes et des enfants. Au fond, nous sommes tous de bonnes personnes.

Son ton n’était pas doux. Anna ne s’en formalisa pas. Elle avait beau être impulsive, elle se connaissait. Elle était consciente, lorsqu’elle avait parlé, que ses propos ne plairaient peut-être pas à son interlocuteur. Ainsi, il semblait un grand optimiste de la nature humaine. Quel chanceux.

- Philanthrope, hum ? Soit. Considère le monde comme rempli de bonnes personnes si ça te chante. Je te l’souhaite. Ça prouve que t’as eu une vie sympa.
- Tu me dis qu’il y a des gens “bien pires que toi” sur cette île, or sommes-nous d’accord sur le fait qu’à mes yeux tu n’aies rien commis d’horrible ? De ce fait, tu te doutes que je m’attends à une justification de ta part.

Bien sûr qu’elle s’en doutait. Ni elle ni lui n’étaient idiots. Elle aurait même été déçue qu’il ne s’interroge pas.

- Evidemment. Je suis de quoi j’ai l’air. A toi de juger.

Chacun son tour, après tout. Il n’était pas le seul à savoir répondre évasivement. Pendant qu’elle parlait, il sourit. Dans cette légère joute de mots, chacun voulait avoir le dernier mot. Chacun pensait avoir raison. Et chacun considérait l’autre avec une sorte de suffisance. Elle le savait. A lui de lui montrer qu’elle avait tort, à présent.

- Ma chère, je ne “fouine” jamais ; j’écoute et j’apprends seulement. L’être humain a plus à dire qu’un simple dossier, chose que tu sembles oublier. Je ne suis pas commissaire, certes, mais le terme “enquête” n’appartient pas à la police. Je suis donc en droit de te parler d’enquête, puisque chaque individu est capable de mener sa propre enquête sur un sujet qui lui tient à cœur, ou non.
- Je n’oublie rien, mon grand. Mais supposons qu’après m’avoir écoutée et appris de moi, puisque t’as l’air de t’y connaître en la matière, tu découvres par un autre biais que ma petite personne que je t’ai menti. Le résultat ? Tu te méfies, et moi, j’ai perdu. L’écoute et l’analyse, c’est cool. Mais si tu n’as rien de solide derrière, tu fonces droit dans un mur.

Et tu meurs. Mais ça, elle ne l’ajouta pas. Son métier consistait majoritairement à deux choses : l’une était la conversation, l’écoute et l’analyse, chose dont Archibald semblait avoir compris l’importance, et l’autre était ce qu’on surnommait les coulisses : complots, rumeurs, documents, infiltrations et trahisons calculées. Il ne fallait jamais avoir un jeu ouvert sans carte dans la manche. Les rares fois où cela lui était arrivé furent également celles résolues avec le plus de violence.

- D’accord, très bien. Sur quoi as-tu déjà mené des enquêtes ?


C’était une question sérieuse, qu’elle posa sans ton moqueur. Il ne faisait pas partie de la police, et cela l’intéressait de savoir comment il faisait des recherches sur quelque sujet que ce soit. Bien qu’une enquête sur comment cuire des pâtes soit quelque peu légère.

Archibald lui fit un clin d’œil. Elle eut un petit sourire en coin en retour.

- Je te crois, mais je ne te fais pas confiance. Ne mélange pas ces deux verbes, Anna.
- Tu as tout de même confiance en le fait que je ne mente pas, répliqua-t-elle sans agressivité. C’est déjà un début.

Elle tira une autre taffe avec un petit air malicieux collé sur le visage. Cette conversation lui plaisait beaucoup. Après sa petite explication de ce qu’était un bar amusant, il lui demanda :

- Si tu es tant habituée par ce genre de situation, pourquoi ta main a-t-elle rencontré la partie inférieure de ton corps ? Ce n’était pas très discret.

- C’est bien d’avoir remarqué, mais c’est parce que je suis habituée que c’est arrivé. Je te l’ai dit, il faut savoir réagir vite. Sinon, c’est les urgences.

Elle se gronda intérieurement malgré son ton rieur. En effet, elle n’avait pas été très discrète. Dans un autre contexte, ça n’aurait pas été dérangeant. Ici, elle allait devoir apprendre à réagir vite mais sans être vue. La tâche s’avérait ardue.

Il sourit à sa remarque, puis lui répondit :

- Etant donné que j’ai à peine touché à mon verre, je dirais même que je suis la personne la plus lucide de ce bar, hormis le barman dont je ne sais rien. Même toi, tu n’es plus si lucide que ça.

Anna laissa échapper un rire teinté d’étonnement, amusée.

- Plus si lucide que ça ? Avec deux pauvres verres mêmes pas remplis entièrement ? Tu me sous-estimes, mais soit. T’as sans doute moins d’alcool dans le sang. De toute façon, ton truc, c’est la clope, hein ? T’y touches plus souvent qu’à ton bourbon.

Cela dit, elle prit une autre bouffée. Elle aussi, elle aimait la cigarette. Malheureusement, elle devait être très stricte dans les doses qu’elle prenait. Question de pouvoir résister à un sevrage forcé. Même chose avec l’alcool, mais elle était loin d’être alcoolique. Qu’on la laisse profiter de sa vie, merde.

- Tu attends quoi de moi, puisque tu t’intéresses aux gens malheureux à cause de leur cage ? tu attends que je te révèle des informations top-secrètes sur ma personne ou que je te rejoigne pour monter un coup d’état contre le Fil Rouge ?

« Et pourquoi pas ? », songea-t-elle tout en souriant comme si cette question n’était qu’une vaste blague.

- En l’occurrence, j’attendais surtout une clope. C’est toi qui as voulu de la compagnie. Je pourrais demander pourquoi. Mais si tu veux une réponse, c’est surtout que je ne supporte pas les soumis à leur destin. Parce que le destin, c’est des conneries.

Il sourit et fuma encore un coup.

- Qu’entends-tu par “être non libre” et “être libre” ?

Quelle question. Ce gars ressemblait à un psy face à son patient. A poser des questions étranges.

- Exactement ce que je viens de dire : quand t’es libre, tu choisis ta vie. Quand tu l’es pas, tu te laisses porter. Et à la fin, si t’as l’impression d’avoir raté ta vie, c’est que t’as merdé. Parce que le destin, c’est des conneries, répéta-t-elle.

Le bourbon était bon, et le dénommé Archibald sembla satisfait qu’elle l’ait choisi. A sa question, il répondit.

- Ni l’un ni l’autre. C’est la tranquillité du bar qui me plaît tant. Toi, tu aimes les bagarres, c’est bien ça ? tout ton corps me répond oui, je le vois d’ici.

Elle sourit. Il aurait fallu être aveugle, ou sourd, pour ne pas l’avoir compris, en effet.

- L’action, j’aime ça, c’est vrai. Mais se poser dans des coins comme ça, c’est bien aussi. Il me faut des deux.

- Pourquoi aimes-tu foutre la zizanie à chaque coin de rue ? qu’est-ce qui te plaît dans le fait de se battre ?

Ses questions devenaient de plus en plus personnelles, de plus en plus incisives. Un psy, ouais. Que répondre ? Méfiance. Il la fixait comme s’il voulait traverser la barrière de sa tête et lire dans ses pensées. Elle lui rendit son regard.

- T’as un fort caractère, je présume. Ai-je raison ?
demanda-t-il finalement.
- Bravo Sherlock. C’est vrai que c’était dur à trouver, répondit-elle en souriant et en buvant une autre gorgée.

Elle soupira, fixa un instant les néons rouges dont les courbes formaient un chat arrondissant le dos. Que pouvait-elle révéler ?

- Mais tu te trompes sur un point, dit-elle finalement. J’aime pas spécialement foutre la zizanie. C’est l’action que j’aime. J’sais bien que j’ai l’air de chercher la merde, mais t’as qu’à mettre ça sur le compte de mon « fort caractère ». Et toi, d’ailleurs, tu la cherches pas, la merde, hum ? T’es un gars plutôt calme. Un blasé.

Elle tira une nouvelle taffe, jeta un coup d’œil à l’horloge victorienne accrochée au mur à sa droite. Minuit. La nuit commençait seulement.

- Un blasé qui aime fumer, être tranquille, et peut-être bien la compagnie des femmes seuls le soir. Mais ça, c’est une supposition.



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Dim 1 Juil 2018 - 12:56

philanthrope, peut-être l’es-tu.
elle te donne le feu vert pour juger. Tu juges. Sans problème.

« tu m’as l’air d’être une personne fort charmante malgré ses airs de guerrière. Penses-tu que tous les habitants de cette île soient comme toi ? »

tu lui offres sourire.
un seul sourire.

la discussion revient sur les enquêtes. la première phrase te fait froncer les sourcils. elle t’a nommé “mon grand”. pourtant, tu es sûr d’être plus âgé qu’elle. oui, ton cerveau s’est arrêté à ce détail précis. mon grand. ok, t’es pas petit non plus. mais tu as été perturbé, c’est tout.

elle te dit que l’écoute et l’analyse, c’est bien, mais qu’il faut quelque chose de solide derrière. non, tu n’es pas d’accord avec elle.

« Anna, Anna, voyons. Avec une écoute et une analyse plus poussée, tu peux obtenir la vérité. Et c’est sa parole qui est solide. Cette personne qui viendrait me dire que tu m’as menti, quelles sont ses preuves ? »

vous en revenez toujours au point de départ.
ni elle ni toi ne souhaitez avoir tort dans ce débat, calme et paisible.

elle te demande avec le plus grand des sérieux sur quoi tu avais mené des enquêtes. sur tout et rien, eus-tu envie de lui répondre. mais ce ne serait que peu bien vu, certainement.

« sur mes patients, ma chère dame. »

réponds-tu alors, tout en sachant que tu lui offrais une indication sur le genre de métier dans lequel tu étais. dans peu de métier vous employez le terme de patient, c’était surtout dans le médical par exemple.

« et toi, si tu ne juges pas cette question indiscrète, quelles enquêtes mènes-tu ? »

la question rebondissait.
vous étiez une raquette de ping pong et la question était constamment la balle. aucun de vous deux ne laissez cette balle franchir le sol. personne ne voulait commettre une seule erreur.

d’après elle, c’est un bon début que tu aies confiance en elle dans le sens où tu juges qu’elle ne te ment pas.

« un excellent début, j’approuve. et toi, tu penses que je mens ? »

ne sait-on jamais.

une excuse.
elle venait de te sortir une excuse en beauté.

tu n’es pas un idiot.

« je présume que ton “ancien” job t’obligeait à avoir une arme sur toi. »

dis-tu naturellement, lui offrant un sourire une énième fois.

tu ris à sa remarque concernant l’alcool dans le sang. bien sûr qu’elle avait plus d’alcool dans le sang que toi. par conséquent, elle n’était plus apte à réfléchir correctement. après tout, c’était bien connu : une femme, en général, tient moins bien l’alcool qu’un homme.

« ouais, je préfère largement la clope à l’alcool. Et toi, t’es plus alcool ou clope ? Suivant ta réponse, je serais obligé de te juger. »

tu lui dis sur un ton de confidence :

« l’alcool, c’est pas si cool que ça. »

anna te dit que c’est toi qui a voulu de la compagnie. en effet. puis elle termina par dire quelque chose de fort intéressant à ton sens. le destin, c’est de l’eau. soulagement. tu prends une taffe, tu la regardes et tu hausses les sourcils.

« anna, souvenons-nous de ce soir si amusant. »
« nous sommes enfin d’accord sur un point, un point sur lequel nous ne débattrons pas. malheureusement ou heureusement. je te rejoins sur cet avis, le destin ; c’est une connerie immense que l’Homme a créé. »


t’avais limite envie de te lever et de danser la danse de la victoire mais…
flemme.

puis merde, t’as pas envie de te ridiculiser devant elle. et t’es trop vieux, tu te casserais un os, ça se trouve.

« tu devrais créer un slogan : “fuck le destin”. ça t’irait vraiment bien. en plus, t’es sexy. les gens rejoindraient ta cause sans soucis. moi le premier, je te l’avoue. »


elle aime donc l’action et la tranquillité.
tu apprécies déjà cette femme. des sujets intéressants se découlent de votre conversation, des débats se créent malgré vos avis contraires. et c’était ça qui te plaisait tant ce soir-même.

finalement, elle te qualifia de “blasé qui aime fumer, être tranquille et aime la compagnie des femmes seules le soir”. ok.
tu la regardes, légèrement surpris et amusé à la fois.

« nous sommes l’opposés de l’un et de l’autre. »

elle, c’est une femme forte.
toi, t’as juste envie de pioncer et de fumer comme un pompier malgré ton asthme.

« j’aime ton côté “j’emmerde le monde et les rageux”. ça te donne un côté plus irrésistible et dominatrice. »

lui confis-tu banalement.

« et je dois avouer que je suis un mec calme et blasé. mais la compagnie des femmes, ça ne m’intéresse pas tant que ça. enfin, je peux m’en passer. et je suis plus le genre de mec qui s’en fout du genre de la personne en face de lui. »

tu la regardes pendant ce qui te paraît être une minute de silence. t’es le genre de gars qui aime laisser passer une à trois minutes de silence après une conversation. tu sais pas pourquoi, le calme t’apaise et t’apaisera toujours.

« anna, quel est ton dessert préféré ? »

oui, oui.
tu viens réellement de lui demander son dessert préféré.

et tu l’as fait avec tant de sérieux.

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