Quand il sentit la main de Lux agripper son bras et qu’il la vit reprendre connaissance, Leo laissa échapper un soupir de soulagement. Qui fut malheureusement que de courte durée. Il remarqua en même temps que Lux le sang qui coulait le long de son visage. Ce n’était définitivement pas un bon signe. Leo l’observa, un peu paniqué, et retint la tête de Lux juste avant qu’elle ne s’évanouisse et se fasse encore plus mal en tombant sur le rocher. Il resta bloqué un instant sur la phrase qu’elle avait prononcé avec de s’évanouir, se disant qu’il allait vraiment falloir lui apprendre à parler autrement que par énigmes. Puis, réalisant qu’il n’avait pas le temps de comprendre sa phrase, il enleva son t-shirt trempé et s’en servit comme compresse pour stopper, ou au moins ralentir, le sang qui coulait. N’ayant pas d’autres moyens pour la soigner sous la main, il comprit qu’il n’avait pas d’autres choix que de retourner chez lui pour la soigner. Enfin, il aurait pu aller au cfr pour qu’ils s’en occupent eux-même, ils devaient bien avoir de quoi soigner des gens, mais il ne leur faisait absolument pas confiance. Et puis, c’était également un peu de sa faute si Lux était dans cet état là, alors c’était à lui de s’en occuper.
Avant de repartir chez lui, il fit un léger détour pour récupérer les affaires de Lux, la rhabillant vite fait pour pas que les gens se posent trop de questions, il n’avait vraiment pas envie qu’on l’arrête pour demander que faisait une jeune fille inconsciente presque nue dans ses bras. Puis, il reprit également ses affaires, parce qu’il n’avait tout simplement pas envie de les laisser là, ni de rentrer pied nu.
Une fois cela fait, il porta Lux jusqu’à chez lui, vérifiant souvent son état avec inquiétude. Ce fut sans doute pour cela que le retour jusqu’à sa maison lui apparut extrêmement long. Il fut donc assez soulagé quand il franchit enfin le seuil de la porte, et son soulagement fut encore plus grand quand il remarqua qu’hippolyte n’était pas présent.
Sans perdre un autre instant, il alla déposer Lux sur son lit puis alla chercher une trousse de secours. Bien qu’il n’avait jamais eu à soigner quelqu’un, Leo n’était pas aussi ignorant pour ne pas savoir comment s’en occuper, désinfectant la blessure puis appliquant une compresse sans problèmes.
Le “danger” écarté, il décida ensuite de changer les vêtements de Lux mais surtout de la sécher, histoire qu’elle n’attrape pas un rhume en plus de cela. Dès qu’elle fut sèche, il lui mit un de ses t-shirt, faisant presque une robe sur la jeune fille. Puis, quand il fut certain qu’elle n’avait besoin de rien d’autres pour le moment, il alla se sécher et mettre des vêtements propres à son tour.
Ce ne fut qu’après tout cela qu’il se posa enfin. S’allongeant à côté de Lux et entourant sa taille avec son bras afin qu’il puisse sentir directement quand elle se réveillera.
Dernière édition par Leo Bårdsen le Mer 11 Juil 2018 - 13:28, édité 1 fois
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Dim 24 Juin 2018 - 15:44
Le temps est bon, le ciel est bleu J'ai deux amis qui sont aussi mes amoureux
LEO & LUX
Elle ouvre les yeux.
Devant elle, un plafond familier. C’est normal, ils se ressemblent tous ici. Contre sa joue, un souffle familier. Autour de sa taille, l’étreinte rassurante de Leo. Très loin d’être en panique, la jeune fille tourne la tête vers lui et lui offre un grand sourire ; même si elle est encore un peu dans les vapes. Elle se rend à peine compte qu’elle porte un t-shirt qui ne lui appartient pas ; elle ne s’inquiète pas non plus de connaître la partie qu’elle a raté : du point A : les rochers, au point B : le lit de Leo.
« C’est comme dans les films quand la fille se réveille et qu’elle se souvient plus comment elle a atterrit là ! »
Et puis après elle s’en va sans prendre le petit-déjeuner avec ses chaussures dans les mains.
Et si tu te demandes, non, Lux n’est pas vraiment choquée par ce qu’il vient de se passer. Elle a même l’habitude d’être dans des situations périlleuses et d’en réchapper aussi singulièrement que la façon qu’elle a eu de s’y fourrer en premier. C’est vrai que sa maladie peut être impressionnante et qu’il faut réagir rapidement, mais elle n’a jamais eu la sensation qu’elle la mettait réellement en danger. C’est juste quelque chose qui existe, qui est avec elle, qui la rend un peu plus Lux.
« J’ai faim ! »
Pas de bonbons à portée de main. Naturellement, elle se lève et va jusqu’au frigo. Sans faire attention à la présence d’autrui, du genre Hippolyte. Sans demander à Leo comment il va, même pire : elle croise son reflet dans une glace, au hasard. Regarde le pansement, se rappelle qu’elle a un petit peu mal à la tête.
« C’est très mal fait. Mais merci quand-même Leo ! »
Ouverture du frigo, elle met la main sur un pot de confiture, bien sûr elle ne se demande pas une seconde à qui il appartient. En faite, elle ne prend même pas la peine d’utiliser une cuillère et met directement son doigt dedans pour la gouter. Elle jète un coup d’oeil à ce qui l’entoure, la maison n’a rien à voir avec la sienne, même si elles sont censées être rigoureusement identiques. En l’absence de son âme-soeur, Lux a foutu un bordel digne de sa réputation : rendant l’endroit seulement habitable par elle et des organismes hétérotrophes.
Elle revient s’assoir sur le lit, son pot de confiture à la main, risquant, à chaque fois qu’elle en reprend, d’en renverser sur la matelas immaculée de son propriétaire. Oh et, évidemment, t’as bien compris que si Leo ne la fout pas dehors à un moment, elle va rester ici, bricoler deux trois bidules qui ne sont pas à elle, vider le frigo, le tout sans vouloir se laver, sans même y penser. Bah oui, Lux n’est pas vraiment une professionnelle de l’intimité ou de l’espace vitale.
Encore un comble, malgré les efforts de Leo pour la conserver, elle éternue. Conséquence logique d’être à poil la plupart du temps. Et franchement, elle s’en fiche, renifle parce qu’elle a la flemme de se moucher et pose le pot de confiture à moitié mangé sur la table de nuit.
« J’ai un peu sommeil encore. »
Je vais arrêter de le préciser à force, mais encore une fois sans rien lui demander, elle s’affale sur Leo, passant ses bras autour de son cou et ferme les yeux pour entamer sa seconde sieste. Et souvent, son propre lit est trop encombrée pour qu’elle puisse y dormir, alors elle finit par dormir à côté enroulée dans sa couette … c’est qu’elle s’habituerait presque au confort.
Lux c’est un comme un parasite qui aspire la patience de son hôte jusqu’à ce qu’il lui abandonne sa vie.
Leo lui rendit son sourire. Elle n’avait pas l’air d’être perturbé par la situation, ce qui était probablement une bonne chose, à moins qu’elle lui fasse le coup de s’évanouir sans prévenir. Cependant, il n’avait pas prévu qu’elle soit aussi peu perturbé par la situation et se lève du lit pour sortir de la chambre, comme si elle ne s’était pas blessé à la tête et n’avait aucun vertige.
Leo grogna légèrement. C’était pas possible à quel point cette fille avait la bougeotte. Il se leva à contre coeur du lit et suivit discrètement Lux, histoire de s’assurer qu’elle ne s’étale pas tête la première sur le sol. Il la vit donc se servir tranquillement dans le frigo, comme si ça lui appartenait, et prendre un pot de confiture. Il soupira et secoua la tête. Puis, il fit comme s’il avait rien vu et retourna dans son lit. C’était plus calme là-bas. Une fois dans son lit, il grommela comme quoi son bandage était très bien fait et que si elle n’était pas contente, elle aurait dû le faire soi-même. Une remarque pour le moins puérile, mais il fallait croire qu’être en compagnie de Lux retournait le cerveau de Leo.
Puis elle revint dans la chambre. Leo l’observa manger sa confiture avec un oeil entrouvert, se demandant s’il ne valait pas mieux l’arrêter ou s’il fallait abandonner tout espoir de manger cette confiture. Ce n’était pas comme s’il comptait la manger maintenant qu’elle avait mis ses mains dans la nourriture…
Toutefois, il fut soulagé quand Lux abandonna enfin la confiture pour venir se coller à lui et se reposer. Enfin du calme, se dit-il. Sachant pertinemment que c’était un moment rare et probablement de courte durée, Leo en profita pour se reposer également, fermant ses yeux à son tour et resserrant son étreinte sur Lux en passant un bras autour de sa taille. Il resta ainsi quelques minutes avant de se dire qu’il n’arriverait pas à s’endormir. Pour une fois que c’était lui qui avait le plus de mal à dormir.
De sa main libre, il se mit alors à jouer avec les cheveux bleus de la jeune fille, passant doucement sa main dans ses cheveux et enroulant parfois une mèche autour d’un de ses doigts. Ce fut en examinant une de ses mèches que son idée de vengeance pris forme. Leo allait faire regretter Lux d’être aller le chercher aux côtes sauvages.
Sans prévenir, il attrapa Lux et se leva du lit, la jeune fille dans ses bras. Il lui adressa un sourire taquin puis sortit de la chambre pour rentrer dans la salle de bain où il déposa Lux et ferma la porte à clé, s’enfermant avec elle dans la pièce.
Avant de lui laisser le temps de protester, il plaqua sa main sur la bouche de Lux et la fit reculer de quelques pas.
« Tu sais à quoi je viens de penser, Lux ? Que c’était l’heure du bain. »
Avec un sourire presque sadique, il se pencha et ouvrit le robinet de la baignoire. Puis, il fit un signe vers le t-shirt que Lux portait.
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Légères turbulences; Ce sourire qui en dit long. L’étau rassurant de ces bras; qui se transforme en camisole.
Mais c’est le risque à titiller un lion endormi. Pourtant elle était en train de se calmer, au point même de partager avec une lui de ses activités favorites : la sieste. Voilà, c’est ce qu’il se passe avec Lux elle est capable de réveiller à la fois le pire et le meilleur au fond des gens, elle est capable de réveiller : Leo. Toi aussi tu pensais que tout ce manège serait sans conséquences ? Elle aussi, elle aussi.
Au début elle ne s’affole pas, regarde attentivement le plafond dans les bras du jeune homme. Puis une porte, une légère sensation d’humidité, de froid. Elle frisonne, tourne ses yeux ronds, vers le sol. Des carreaux blancs, une salle de bain, austère, sévère, comme l’une de ses maîtresse. Elle faillit protester. Mais il commence à bien la connaître et l’en empêche.
Son regard déterminée, sa main sur sa bouche et le clapotis de l’eau derrière elle commencent à légèrement l’intimider.
Mais t’oublies que c’est un jeu, pas elle.
Alors vraiment, c’est pas son genre de se démonter. Même au pied la baignoire, son pire ennemi, avec le sommeil. Et puis laisser la victoire à Leo, l’être le plus flemmard qu’il lui a été donné de connaître, sans même lui donner un peu de fil à retordre, non non non. Elle recule de quelques pas et libère ses lèvres, ses mollets se collent contre la baignoire qui, menaçante, se remplie d’eau.
« Mais je me suis déjà lavée dans la mer tout à l’heure !! »
Bah oui, pour elle le contact de sa peau avec de l’eau équivaut à se laver. Mais il n’a pas l’air convaincu.
« Il faut abso-lu-ment que tu lises les études de David Whitlock, ça fait douze ans qu’il ne se lave pas grâce à un spray composé d'une bactérie qui oxyde l’ammoniaque et … »
Il n’a pas l’air de capter grand chose. Changement de stratégie.
Elle soupire, et se rappelle ; parce Lux a une mémoire incroyable mais elle ne retient que certaines choses : le contenu ultra-détaillée d’études scientifiques, des traités de physique quantique, les modes d’emplois de TOUT les appareils électroniques et les conversations qu’elle a avec les autres.
« Et puis, si tu voulais vraiment me voir à poil, il y avait un meilleur moyen pour ça. »
Elle lui tire la langue et rigole. Ça ne lui va pas trop, la pudeur, de toute façon. Ni la provocation ; elle raconte une chose et il en comprendra une autre.
Elle a gagné du temps : le robinet toujours ouvert, l’eau arrive maintenant à la limite de la baignoire. Oh et, comme tu t’en doutes, elle n’a pas prévu de le fermer elle-même.
« Hmm .. Hippolyte ne va pas être content si tu inondes votre maison … »
Stratégie de la guerre : l’attirer dans son propre piège et, quand on ne peut pas gagner, entraîner son ennemi dans sa propre perte.
Comme prévu, Lux ne fut pas partante pour la baignoire, ce qui faisait légèrement rire Leo. Sa haine pour le lavage était un phénomène beaucoup trop étrange pour lui qu’il ne savait pas comment réagir à pars en rire. Il avait également l’impression de voir une enfant en train de faire un caprice à ses parents pour ne pas se laver. Elle cherchait à tout faire pour le déconcentrer, malheureusement c’était en vain.
Bien qu’elle faillit réussir quand elle répéta ce qu’il lui avait dit tout à l’heure. Bien entendu, il aurait pu faire comme elle, et prendre ses paroles à la lettre, mais ce n’était pas son genre de mener l’action, il préférait si la décision venait d’elle-même. Leo était comme ça, il faisait des sous-entendus parfois, mais cela restait des sous-entendus et en aucun cas cela montrait ses réels désirs. C’était plus à la personne concernée de montrer ses désirs, ce qu’il trouvait énormément plus intéressant que de tout prendre en main.
Il se contenta donc de sourire à la blague de Lux puis haussa les épaules quand elle mentionna le nom de son colocataire/âme-soeur/personnage peu apprécié. Toutefois, il se dirigea vers la baignoire pour en fermer le robinet, écartant légèrement Lux du passage car il sentait un mauvais coup arriver. Puis, il l’observa en croisant les bras.
« Tu ne veux pas te laver ? C’est dommage… »
Il se déplaça vers une étagère, prenant quelques produits et les montrant à Lux.
« J’avais de quoi faire des bulles. En rose, en vert… et oh tiens ! Même en bleu ! »
Il les reposa avec un air un peu dépité.
« Je pensais que ça t’aurais fait plaisir, mais si tu veux pas prendre de bain, tant pis. Je finirais bien par les utiliser un jour… »
Il soupira, regardant un peu partout dans la salle de bain, sauf en direction de Lux.
« Enfin bref. On ne va pas gâcher toute cette eau, non ? J’imagine que j’ai pas d’autre choix que de prendre un bain. J’ai pas non plus fait couler l’eau pour qu’Hippolyte en profite. »
Il lui fit un sourire en biais et haussa les épaules. Puis, respectant ce qu’il venait de dire, il commença à enlever ses vêtements, comme s’il ne prenait plus en compte la présence de Lux. À vrai dire, il s’en moquait pas mal si Lux le voyait nu, il n’était pas du genre à être gêné par le regard des autres. Premièrement car ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait nu devant une femme, et deuxièmement, car il savait qu’il n’avait pas à se plaindre physiquement parlant.
Une fois complètement dénudé, Leo rentra dans le bain et s’allongea tranquillement.
« Tu peux partir tu sais. Si tu n’as pas envie de te baigner, je ne te retiens pas. »
Il s’allongea un peu plus dans l’eau, ne laissant plus que sa tête dépassé, puis continua sur une voix beaucoup plus basse avec une légère moue sur le visage:
« Même si je serais triste si tu t’en vas maintenant. »
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C’est si simple que ça en devient compliqué.
Quand Lux a envie de quelque chose ou de quelqu’un, elle ne se pose pas un milliard de questions inutiles mais bien une seule : je veux ou je veux pas ? Dans ta tête d’adulte toute embrouillée par tes manières et une pseudo-politesse, par autant d’artifices pour camoufler tes faiblesses ; par tes traumatismes personnels que tu n’as jamais extériorisé et qui t’empêches d’être la personne que tu veux être ; que tu penses être. Parce que Lux, avec tout les défauts que tu peux lui trouver, est bien la personne qu’elle est : d’une authenticité dérangeante.
Et c’est sans même un haussement de sourcil qu’elle regarde Leo se déshabiller, avec curiosité car elle n’a pas encore vu son corps tel qu’il est. La réaction attendue aurait été de se retourner, l’air gênée, rougissant et bafouiller. Mais la chair reste la chair, c’est à peu près la même que la sienne, un amas de cellules remplies d’informations.
Et sa silhouette disparait dans l’eau.
Si elle déteste se laver, c’est parce qu’elle n’aime pas le processus de déshabillage - rhabillage ; et cette immense perte de temps ; et rester seule, dans un endroit froid, où il n’y a rien à faire. Plus ou moins longtemps : le bain étant le comble : rester allongée, immobile, longtemps.
Mais c’est vrai qu’avec Leo, c’est un peu différent.
Il y a aussi ça avec Lux, qui la rend franchement plus cool que la plupart des êtres humains : c’est qu’elle n’est pas égocentrique, qu’elle sait qu’elle ne détient pas la vérité, comme aucun des êtres vivants en ce monde. Et ouais, ok, les bains moussants de couleurs, ça l’émoustille.
Elle s’empare alors des flacons et commence à les étudier, les ouvre pour les sentir, apprend attentivement leur composition. Elle les aurait bien déversé dans la piscine mais, comme elle commence un peu à le connaître, Leo n’aurait surement pas été d’accord : absurde.
Elle s’approche prudemment près du bain et vient s’assoir à côté, accoudée au bord de la baignoire, posant son regard sur le visage de Leo.
« Tu dis toujours que je suis bizarre Leo, mais c’est toi le plus bizarre d’entre nous. Tu ne dis jamais ce que tu veux, ou souvent, tout le contraire. »
Haussement d’épaules. Elle s’aventure à toucher l’eau du doigt, chaude, même un peu trop, comparée à l’océan.
Elle continue de sourire à Leo, parce qu’elle aime bien le voir, être avec lui. Mais c’est un homme compliqué, plus compliqué que la plupart de ses expériences ou de ses inventions. Avec les machines c’est facile, on peut juste ouvrir et regarder ce qui ne va pas, même si parfois il n’y a rien à faire. Alors on la démonte, on récupère les pièces détachés et en construit une nouvelle, une meilleure, avec moins de défaut.
C’est bon, doucement, Lux arrive quand même à faire la différence entre un humain et une machine, elle ne va pas le désosser sur place.
Distraitement, elle verse du produit bleu dans le bain, petit à petit, puis elle ajoute du rose pour faire un dégradé passant par le violet. La joue posée contre ses bras, quelques mèches de ses cheveux qui se jètent dans l’eau. Elle observe avec plaisir la réaction chimique au contact du liquide coloré avec l’eau transparente, placide, ennuyante. C’est un peu mieux.
« J’aime pas me laver parce que je trouve que c’est nul de regarder le plafond tout seul. Et en plus il fait froid. T’as de la chance que je sois là pour te parler, sinon tu meurs d’ennui. »
L’un des plus grand mystère de cette journée pouvait être pourquoi diable Leo avait du bain moussant coloré dans sa salle de bain. Il suffisait de le connaître légèrement pour savoir qu’il n’était pas du genre à perdre son temps avec des fantaisies de la sorte. La réponse était pourtant simple, ce n’était pas à lui. Mais malheureusement, ce n’était pas à son colocataire non plus. Si ça avait été le cas, Leo aurait trouvé un autre plan pour les utiliser, un qui consistait à pourrir son colocataire. Par conséquent, si les bains moussants n’appartenaient ni à lui ni à Hippolyte, à qui ils étaient ? Et bien, à personne. Ils étaient là avant que Leo emménage, comme un accessoire essentiel au même titre que la vaisselle. Cela avait au départ laissé Leo extrêmement perplexe, mais il avait finit par se dire qu’au lieu de les laisser de côté, il pouvait s’en servir pour ses fins. Malheureusement, cela ne garantissait pas la réussite de son plan.
Alors que Lux observait les produits avec une curiosité nouvelle, Leo se demanda si cela valait le coup. Après tout, il aurait pu utiliser ses produits avec une autre fille de l’île, beaucoup moins bizarre que Lux, et cela aurait mille fois plus simple. Mais d’un autre côté, il trouvait ce challenge beaucoup plus intéressant. Même s’il ne le montrait pas forcément.
Il était en train d’observer la surface de l’eau, créant des ondulations en ayant l’air complètement blasé, quand la remarque de Lux lui fit relever la tête. Son regard croisa celui de Lux et il haussa les épaules à peu près en même temps qu’elle. Elle n’avait pas tord. Il ne disait jamais ce qu’il voulait. Et cela pour deux raisons. La première d’entre elles était qu’il avait pris pour habitude de recevoir sans même demander. Pour lui, tout tombait déjà tout cuit dans sa bouche, il n’avait jamais eu besoin de faire des efforts pour faire quelque chose, d’où le fait qu’il ne demandait presque jamais et attendait patiemment qu’on tombe à ses pieds. La deuxième raison était moins évidente, et il n’en parlait jamais. Il avait peur du refus. Bien qu’on lui avait toujours tout céder, il n’était pas naïf au point de croire qu’il aurait toujours tout. Il savait très bien que quelqu’un avait la possibilité de lui refuser quelque chose. De ce fait, s’il ne demandait rien, il ne risquait pas de recevoir un refus. D’où le fait de laisser l’autre personne montrer ses désirs au lieu des siens, car si la personne finissait par partir, au final elle n’aurait aucune preuve d’avoir refuser quelque chose à Leo.
Son regard retourna sur la surface de l’eau, tandis que celle-ci virait lentement au violet. Il haussa de nouveau les épaules.
« Je n’ai pas peur de l’ennui. On peut même dire que je m’y suis habitué. J’imagine que c’est une conséquence d’être né dans une famille où l’on a accès à tout. Tout devient rapidement ennuyant car beaucoup trop facile d’accès. »
Il releva de nouveau la tête et regarda Lux en lui souriant légèrement.
« Mais je te remercie d’être là. La vie est moins ennuyante avec toi à mes côté. Moins calme, certes. Mais moins ennuyante. »
D’un geste nonchalant, il se mit à jouer avec les mèches de cheveux de Lux. Est-ce qu’elle était qu’un simple challenge pour lui ? Il avait envie de répondre lui, mais cela revenait à se mentir. Même s’il ne voulait pas l’admettre, il appréciait sincèrement sa compagnie. Cela lui changeait énormément avec ce dont il avait été habitué. Alors oui, s’il avait fini par rester en compagnie de Lux, c’était parce qu’il n’appréciait pas la défaite et qu’il voulait vraiment gagner ce challenge, mais surtout parce qu’il ne voulait pas la perdre. Bien plus que toutes les autres.
Il soupira.
« Tu veux savoir ce que je veux ? »
Il lâcha les cheveux de Lux et vint passer sa main sur sa joue, la caressant doucement avec son pouce.
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Paradoxe : De ceux qui se plaignent d’avoir tout. De ceux qui ne se contentent de rien.
Son regard qui se lève en sa direction, l’atmosphère moite, son nez au dessus des vapeurs au parfum de synthèses du bain. Sans vraiment se connaître, sans vraiment parler de choses sérieuses, Leo & Lux ont ce sentiment étrange de se comprendre. Un langage codé, des pensées pas toujours exprimées ; l’exubérance et la décence. Elle est une fièvre tropicale et lui son sédatif : l’équilibre toujours presque rompus, ses pieds trop près du ravin, sa main pour la retenir.
« Ne me remercie pas. Aujourd’hui je suis là, demain peut-être pas. »
Souriante, pas un soupçon de tragédie dans ce qu’elle dit : juste la vérité. Tu as du comprendre que Lux est un électron libre ; une particule qui flotte dans l’air, portée par le courant invisible de sa volonté et de ses envies fluctuantes. Elle attire et repousse les gens mais jamais ne se lient durablement à eux.
« Tu devrais trouver un truc que tu n’arrives pas à obtenir et puis passer ta vie à le poursuivre ! Comme les gens qui chassent le bigfoot ! Ou les artistes, les philosophes, les scientifiques … »
Ou juste une raison de vivre. Il soupire.
Et quand il touche sa joue c’est comme une décharge électrique, un agréable uppercut dans le ventre. Son coeur bat un peu plus fort sans qu’elle sache vraiment pourquoi. Tu sais, elle a dix-neuf ans, toute sa courte vie, elle ne s’est jamais intéressée à rien d’autres que la robotique, la physique, la mécanique, la chimie. Pour elle l’attirance qu’une personne peut ressentir pour une autre est un mélange de neurotransmetteurs et d’hormones qui, de toute façon, ne durent pas si longtemps. Et après c’est l’instinct de survie et l’égoïsme de chacun qui poussent à fonder une famille. Sacré raccourci.
Elle ne se croit pas au dessus de ça, rassures-toi, elle est juste … à côté.
Et puis ça ne veut rien dire. Ils se touchent tout le temps. Peut-être qu’au fond, elle ne pense pas pouvoir être perçue autrement que comme étant une gamine bizarre, attachante mais qui, comme toutes les machines délicates, nécessitent une distance de sécurité.
Elle est consciente que selon les individus, le contact physique n’a pas la même valeur. Pour elle, c’est un moyen de mieux voir, de mieux comprendre, c’est une façon d’étudier la surface. Lux touche toujours les gens, et plus ça les met mal à l’aise, plus elle en a envie, comme pour conjurer le mauvais sort. Et là, elle aurait bien fait un câlin à Leo, mais l’eau savonneuse qui les séparent est un obstacle bien trop insurmontable.
« D’accord mais dépêches-toi ! J’aime pas les salles de bain … »
Et elle n’a pas envie de le quitter tout de suite. Et même s’il n’avait pas avoué, elle serait restée ; même s’il avait tenté de s’en débarrasser. Parce que c’est avant tout sa propre volonté qui compte, sa propre envie. Et là, elle veut sortir d’ici.
Elle se redresse, toujours prudemment accoudée aux rebords de la marmite démoniaque et attrape une bouteille de shampooing ; enfin ce qui semble en être, elle s’en fiche, elle ne va pas vérifier. Ensuite elle en verse tel un cuisinier préparant une sauce, faisant des allées retours avec la bouteille, en faisant couler beaucoup trop sur les cheveux blonds de Leo ; mais ça l’amuse énormément. Sans rien dire, elle passe ses bras au-dessus de l’eau et vient délicatement frotter le produit (en quantité monstrueuse) sur le cuir chevelu (pas vraiment sale) de son ami.
Le shampoing mousse, beaucoup, beaucoup trop en faite, à tel point que le visage de Leo disparait entre les bulles et la mousse. À y regarder de plus près, le bain moussant et le shampoing semblent réagir ensemble et deviennent comme … effervescent.
« euh … »
Une minute plus tard la mousse déborde déjà du bain et avale petit à petit Lux.
Étrangement les mots de Lux faisait mal. Ce n’était pourtant qu’une simple constatation de la vérité, après tout, on ne pouvait jamais savoir où on allait être demain, mais, cette vérité, Leo la trouvait gênante. Il ne l’aimait absolument pas. Bien que la vie était jonchée d’imprévus et de hasards, le fait de ne pas pouvoir prévoir où se trouverait Lux demain ne lui plaisait pas. Pendant toute sa vie, il avait eu l’habitude de posséder les humains comme on possédait un objet, et l’idée même d’imaginer Lux avec quelqu’un d’autre le dérangeait énormément. Leo n’avait jamais été quelqu’un de prêteur. Bien qu’il s’était lassé d’avoir tout facilement, jamais il n’avait voulu partager ses richesses, préférant les utiliser pour manipuler les gens.
Mais Lux n’était pas comme eux. Pas aussi facile à avoir. Elle était complètement imprévisible. Elle était impossible à obtenir.
Alors que ses pensées faisant écho aux paroles de Lux, un sourire triste s’afficha sur le visage de Leo. Elle ne devait sans doute pas se rendre compte qu’elle parlait d’elle-même, et pendant un instant, Leo se demanda ce que ça ferait s’il lui faisait la remarque, mais il chassa bien vite cette idée de son esprit.
Il leva alors les yeux au plafond et l’observa. Il regrettait un peu de ne pas avoir jeter Lux dans la baignoire comme il comptait le faire initialement, il aurait ainsi pu en finir avec sa vengeance plus rapidement. Il n’aurait pas eu besoin de réfléchir à ce qu’il pensait de Lux en plus de cela. Elle l’aurait peut-être détesté sur le coup, mais n’était-ce pas mieux ? Cela aurait engendré moins de problèmes. D’ailleurs, pourquoi ne pouvait-il pas simplement la détester ? Elle qui était si bruyante, si étrange ?
Il releva la tête légèrement quand Lux retourna vers lui et la regarda verser le shampooing d’un air interrogateur et un peu énervé. Il espérait que cela soit bien du shampooing car elle n’avait pas intérêt à lui abîmer ses cheveux aux risques de représailles beaucoup plus grande qu’un simple tour dans la salle de bain. Cependant, étant donné qu’il était beaucoup trop tard pour agir, il finit par se contenter de fermer les yeux et de la laisser masser son crâne. S’il n’avait pas eu à craindre pour l’avenir de ses cheveux, il aurait également sourit, appréciant énormément qu’on joue avec ses cheveux, mais en plus d’avoir peur pour ses cheveux, la mousse se fit de plus en plus importante au point de devenir gênante. Leo secoua légèrement sa tête et disparu sous l’eau, puis, il revint rapidement à la surface, s'étant débarrassé d’une bonne partie de la mousse qu’il y avait eu sur sa tête.
Il observa ensuite l’état de la salle de bain et… se mit à rire. En peu de temps, le chaos avait pris place dans la salle de bain, la mousse prenant de plus en plus de place. Son regard se posa sur Lux, la coupable de tout ce chaos.
« Eh bien bravo… Regarde moi un peu tout ce désordre, Lux… »
Il fit une pause et son sourire narquoi réapparut sur ses lèvres.
« J’imagine que je n’ai plus d’autre choix que de te punir. »
Sans plus attendre, il attrapa Lux et la fit rentrer dans la baignoire. Sachant pertinemment qu’elle n'apprécierait sans doute pas cette décision, Leo la maintena par la taille pour l’empêcher de fuir et la garder près d’elle. Puis, il prit de la mousse et en déposa sur la tête de Lux.
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L’eau et la mousse envahissent la salle de bain, comme une jungle luxuriante qui les engloutit.
Ce désordre ambiant ; quand les choses ne sont pas là où elles devraient être ; rassure un peu Lux. Bien qu’elle ne soit toujours pas à l’aise dans une salle de bain, bien qu’elle déteste toujours ces lieux : à l’exception de la faïence sur les murs. Mais tu sais, peut-être qu’aujourd’hui elle allait pouvoir nuancer son aversion pour la baignoire. Ou alors, ce sera pire.
Les bras de Leo surgissent de la mousse et l’encercle. Prise au dépourvue elle ne peut rien faire et là voilà entre les tentacules du kraken : il l’entraine tout droit dans son antre tapis au fond de l’océan. Elle exagère à peine. Elle ferme les yeux, plissant fortement les paupières : pendant plusieurs minutes.
« Je !! Je !!! OK ! J’arrête de respirer ! Maintenant ! Si je meurs ce sera de ta faute ! »
Elle prend une grande inspiration alors que la mousse coule le long de ses cheveux. Elle devient progressivement rouge, retenant son souffle le plus longtemps possible. Mais bon, pas trop d’inquiétudes à avoir, on a pas encore vu quelqu’un se suicider en refusant de respirer.
Elle ouvre un oeil pour tomber sur le visage stoïque de Leo, quoiqu’il arbore un sourire : un mélange de satisfaction et de sadisme. De toute évidence, il ne cédera plus à ses caprices.
Finalement, inexorablement, elle ne tient plus et dégonfle brutalement ses joues.
« Je t’aime autant que je te déteste ! BEAUCOUP TROP !! »
Tu en es témoin, c’est ce qui se rapproche le plus de la colère chez elle. Plus inoffensive qu’une mouche, elle n’est pas capable de blesser volontairement (VOLONTAIREMENT, CE MOT EST TRÈS IMPORTANT) quelqu’un, que ce soit physiquement ou verbalement.
Elle soupire bruyamment, lançant des regards assassins à Leo : un peu noir, mais sur un visage aussi angélique que le sien, ni toi, ni moi n’y croyons beaucoup. Dés que l’eau bouge autour d’eux, elle se crispe encore plus. Il lui faut encore quelques instants pour accepter son sort. Voilà, tu y es, dans cette maudite baignoire.
« PFFF. TU M’ÉNERVES. »
Et plus elle en fait, plus il semble satisfait. Elle songe à décroiser les bras d’au-dessus de son t-shirt. S’il est une véritable torture de prendre un bain, c’est encore pire avec un tissu à moitié mouillé sur elle. Elle attrape le col avec ses dents et enlève, en faisant de grands gestes, le vêtement. Pour le balancer au milieu de la mousse jonchant le sol de la pièce.
« Si tu penses que je vais me laver, tu peux toujours attendre 10 … non, 100 ANS ! »
Elle lui tire la langue, bougonnant, croisant de nouveaux les bras sur ses seins nues, cette fois. Et puis elle remarque l’extrémité de ses doigts qui commencent à flétrir comme des vieilles fleurs.
« MAIS REGARDE ! »
Elle lâche alors sa poitrine pour venir coller ses mains devant la figure de Leo, s’écroulant à moitié sur lui.
« Si je reste là, je vais devenir ENTIÈREMENT fripée, comme ça ! Et toi aussi ! »
Leo sait probablement que non. Elle le sait aussi. Mais bon, elle aura essayé.
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